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Critique de c.brijs



"Chaque société a ses travers..."

Ryô Aihara, lycéenne, se sent isolée. Elle est la seule de son école à ne pas posséder de téléphone portable: à qui parlerait-elle d'ailleurs? D'une timidité extrême, le relationnel n'a jamais été son fort. le fait d'avoir un mobile changerait-il la donne? Et si elle s'en inventait un qui lui permette d'enfin parler à quelqu'un?

Lorsque mon ainée (eh! oui! rayon mangas, c'est elle ma source!) m'a proposé ce manga, j'ai été immédiatement séduite. Tout d'abord, la couverture est magnifique. Douce au toucher; l'illustration est sobre et classe à la fois. En surimpression, on peut y déceler quelques notes de musique illustrant la sonnerie d'un portable. Ensuite, l'intérêt de la série "Mad World" c'est qu'elle propose de courts récits en un volume. Un avantage certain lorsqu'on ne désire pas s'embarquer dans une série à rallonge en x volumes! de plus, l'approche choisie par les auteurs m'a directement intéressée. A travers ces oeuvres, ils désirent "faire découvrir les travers de la société japonaise et ses conséquences sur les personnes les plus vulnérables, les adolescents".

Inner Voices (Voix intérieures) évoque les thèmes de la solitude, de la difficulté de s'intégrer dans un groupe et de tisser des relations quand on est adolescent. Il met également en lumière l'impact négatif que peuvent avoir les remarques et les moqueries des uns et des autres. Chez notre héroïne, cela prend des proportions dramatiques. Mal dans sa peau, elle a du mal à respirer et sa voix se bloque lorsqu'elle rentre en classe. Sa peur de s'exprimer devant les autres est telle qu'elle préfèrerait parfois être muette voire pire se planter un couteau dans la gorge!

Grâce à son téléphone imaginaire, Ryô va entrer en contact avec un autre adolescent lui aussi perdu dans ses pensées, Shinja Nozaki. Bien évidemment, au départ, notre héroïne pense qu'elle perd la raison. Est-elle à ce point névrosée qu'elle s'est créé un personnage à qui parler intérieurement? Mais, après l'ado, c'est une employée de bureau de 28 ans qu'elle réussit à appeler! Celle-ci lui propose de vérifier que son interlocuteur existe réellement...

Sans jamais se voir ou se parler pour de vrai, séparés dans le temps et l'espace, les deux adolescents vont s'aider mutuellement et reprendre peu à peu confiance en eux...

Finiront-ils par se rencontrer? Qui est réellement la jeune femme qui conseille Ryô? Deux questions fondamentales quant à l'issue de cette histoire. Final qui en surprendra plus d'un. Mais surtout, ne vous y arrêtez pas...

Celui-ci, comme le côté fantastique d'ailleurs, est quelque peu secondaire finalement. le message critique est à mon sens bien plus important: à l'ère de la multiplication des moyens de communication, le monde n'a jamais été aussi individualiste et superficiel. Dans la postface, l'auteur, Otsuichi, nous explique d'ailleurs qu'il a écrit ce titre lorsqu'il était encore étudiant, un jour de Noël où il s'est retrouvé confronté lui-même à la solitude.

Cette phrase de Vincent Engel (1) aurait pu être prise comme épigraphe de ce titre:

"Il y a autour de vous des personnes qui ont besoin que se renouent les fils d'une solidarité perdue."

Un petit mot, pour finir, sur le dessin très soigné de Hiro Kiyohara. Celui-ci met merveilleusement en valeur les deux protagonistes de cette histoire et contribue à apporter une touche de douceur et de poésie à l'ensemble. Petit bonus: on a droit en préface à deux pages en couleurs sur papier glacé.

Je suis curieuse de découvrir le thème du deuxième tome...
Lien : http://lacoupeetleslevres.bl..
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