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Critique de Eve-Yeshe


Quand j'ai vu ce livre sur NetGalley, je me suis dit qu'il était pour moi, car le sujet m'intéresse depuis longtemps (tout comme celui de l'arriération mentale sur lequel j'ai planché autrefois).

L'auteur nous démontre, dans ce livre, l'importance du travail dans l'insertion des personnes atteintes de handicaps physiques et surtout mentaux, par différentes approches. En effet, que peut-on faire d'eux une fois qu'ils ont dépassé l'âge d'être en IMP. Il développe la notion de mimétisme, qui permet à chaque individu de construire son moi.

Il cite au passage les grands Maîtres, Lacan, Henri Ey, et celui qui l'a vraiment inspiré : René Girard qui disait notamment :

« Il postulait que tout désir humain est mimétique, suggéré par le désir de l'autre. Ici se situait, pour lui, le ressort de la violence, engendrée par la convoitise d'un même objet. »

Il nous parle également des neurones miroirs qui s'activent lors de la compréhension de l'action qui se déroule devant nous.

Une fois établi le processus, il faut passer de l'hôpital psychiatrique à ce que l'auteur appelle « l'usine apprenante », car il faut sortir l'individu de son isolement, sinon il y perdra sa vie. Pour cela, il préconise la démarche initiatique, en gros, la transmission du maître au disciple, à l'instar des compagnons. « On apprend en travaillant et on travaille en apprenant ». C'est ce qui est utilisé dans le cadre des AMIPI (Association d'aide matérielle et intellectuelle aux personnes inadaptées).

Les personnes ainsi réinsérées, dans les usines apprenantes, montrent qu'ils sont capables d'exécuter des tâches parfois compliquées, dans l'électronique, par exemple car ils sont motivés par le désir de bien faire, parfois par leur côté perfectionniste, et peuvent, si on leur fait confiance, diriger des équipes car la hiérarchie est importante.

Mais dans notre XXIe siècle, ce discours heurte certains car on pense hélas plus aux loisirs, au temps libre qu'au travail, en oubliant un peu vite que le chômage implique une perte de m'estime de soi.

En se basant sur les enfants enfermés dans les orphelinats en Roumanie, à l'époque de Ceausescu, l'auteur a montré que ces enfants avaient des cerveaux atrophiés à l'IRM mais qu'il y avait une capacité de résilience des neurones, si on entrait en relation avec eux. Il faut donc de l'humain, « Mais il est vrai que, dans notre société, l'humain tend à disparaître. »

L'auteur insiste également sur une dérive possible du mimétisme : la rivalité qui peut survenir entre les personnes de l'équipe, les jalousies possibles, certains pouvant tout faire pour interdire à l'autre de progresser, car il risquerait de la dépasser.

Il développe d'autres notions : le goût de l'effort, l'inter individualité, la normalisation par le travail, mais aussi le risque encouru par l'être humain s'il cesse de fabriquer, construire, travailler, ce qu'il exprime par cette phrase : « S'il ne fabrique plus, l'être humain cessera de se fabriquer. S'il cesse de tailler des pierres, sa propre pierre intérieure restera en jachère. » ou encore : « Travailler permet d'être quelque chose au lieu de n'être rien ».

Jean-Michel Oughourlian nous propose dans ce livre le travail considérable qu'il a fait pour permettre à ces personnes de vivre une vie la plus normale possible, en mettant en avant leurs possibilités, leurs richesses, ce qu'ils peuvent apporter à notre société. Combat d'une vie, davantage que travail, d'ailleurs.

Je précise qu'il est l'auteur, d'un autre ouvrage, plus connu du public : « le troisième cerveau ».

Je suis admirative et de ce fait, j'ai eu énormément de mal à rédiger cette critique qui m'a pris presque deux mois et risque de s'avérer dithyrambique et difficile à lire pour ceux qui vont la lire. J'ai abordé les thèmes qui m'ont le plus intéressée, car chaque chapitre est en lui-même une mine d'informations et de réflexions.

Un grand merci à NetGalley et aux éditions Plon qui m'ont permis de le découvrir.
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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