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Critique de kade_read


S'il y a un style de littérature que j'affectionne particulièrement, c'est bien la littérature japonaise. C'est, souvent, une écriture empreinte de beaucoup de douceur et de sensibilité. Il s'y dégage une sorte de « respect » pour les mots.

Je n'ai donc pas hésité quand j'ai dû choisir ma nouvelle lecture parmi une vingtaine de romans. « L'usine » de Hiroko Oyamada est dans ma PAL depuis un petit moment. de ce fait, je ne me rappelais absolument pas du synopsis.

Au départ, donc, j'y vais un peu à tâtons. J'essaie de comprendre de quoi il s'agit. L'écriture ne ressemble pas tellement aux romans japonais que je lis habituellement. Elle est moins douce mais elle est suffisante et juste. Certes, il y a une mini-déception mais je ne m'arrête pas là-dessus et continue mon immersion dans L'Usine.

Très vite, on se rend compte qu'il s'y passe des choses étranges : le personnel qui vieillit plus vite que de raison, des machines de sport qui apparaissent, des ragondins étrangement gros ... En tant que lecteur, on perçoit ces étrangetés et pourtant le personnel de l'Usine, lui, ne le voit pas. Il est ancré dans une habitude, une sorte d'obligation, il est enchaîné à cette Usine.

C'est à ce moment qu'on comprend que ce roman dépeint l'aliénation professionnelle. C'est quelque chose de très présent dans la culture japonaise où il y a une sorte « d'obsession » pour le travail et la réussite. Une aliénation qui peut nous faire accepter tout et n'importe quoi, qui nous emmène à nous déconnecter de ce que nous sommes profondément. L'auteur parle principalement du Japon, mais c'est quelque chose qui existe partout ailleurs. Quelque chose qu'on trouve étrange lorsqu'on en est pas victime et que pourtant les victimes trouvent « normal, c'est le monde du travail ». Et quand on leur demande pour quelle raison ils obéissent, il n'y a plus de réflexion ... juste un : « parce que c'est mon travail et que c'est les ordres ». On a un peu l'impression que l'humain oublie d'être humain face aux obligations sociétales, il accepte de devenir une chose.

Niveau personnages, on ne s'y attache pas forcément. Comme s'il n'existait pas vraiment, comme s'ils n'avaient pas vraiment d'importance. Finalement le seul personnage important, n'est autre que l'Usine elle-même. Elle qui adopte, fait grandir et transforme ses salariés.

Alors oui, ce roman est relativement sombre ... mais parfois sombrer dans les ténèbres peut peut-être nous donner envie de retrouver la lumière.
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