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Critique de Cricri124


L'Usine est un gigantesque complexe de couleur grise, une ville dans la ville, qui attire des talents venus de tous le Japon. Travailler à l'Usine est communément considéré comme un gage de réussite sociale, un privilège dont les travailleurs devraient se sentir reconnaissant. Dans cette usine à la réputation si prestigieuse, nous suivons trois protagonistes qui viennent justement d'y être embauchés.

A travers eux, l'auteure pointe du doigt ces grandes entreprises qui se font fortes de promouvoir le bien-être de leurs salariés, alors qu'elles ne font que leur saper insidieusement leur volonté, leurs désirs et les robotiser. Elle dénonce la précarité du travail – j'ai été surprise de la forte dimension de ségrégation sociale inhérente au type de contrat de travail (plein temps, intérim, contractuel) – et ces emplois vides de sens qui vous grignotent peu à peu l'âme jusqu'à la dessécher. La solitude des êtres au sein de cette usine grouillante de monde est également palpable.

L'originalité de ce roman tient selon moi à son atmosphère étrange et confinée. Il commence de manière très réaliste et factuel avec le quotidien de nos trois personnages dans des emplois aux tâches répétitives, dont la finalité est inconnue ou aux objectifs inatteignables. La division des taches est tellement optimisée que qu'on ne sait même pas ce que cette usine produit ! Puis, il glisse subrepticement vers une déstructuration de la réalité et vers le fantastique, même si la portée est plus symbolique que fantastique. de petites touches surréalistes et de légers décalages temporels sont introduits de manière anodine pour accentuer cette distorsion avec la réalité. Personnellement, je n'en suis pas friande mais je reconnais qu'ils conviennent à cette histoire et concourent à installer cette ambiance particulière à la froideur métallique.

Mais les personnages y perdent sans doute en consistance. Ils sont un peu trop statiques selon moi. Cette absence d'évolution m'a gênée, d'autant qu'ils ne suscitent pas particulièrement l'empathie. La fin y aurait d'ailleurs gagné en force. Là, elle passe presqu'inaperçue, alors que pourtant elle a une valeur symbolique forte…

Ce roman assez sombre a une approche pour le moins intéressante et originale mais ne porte peut-être pas suffisamment « la plume dans la plaie », comme le dirait Albert Londres, d'autant que le thème dominant est l'aliénation au travail. du coup, le soufflé à tendance à retomber. C'est un premier roman. L'auteure en a écrit d'autres depuis que je tenterai surement par curiosité.
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