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Critique de fanfanouche24


"(...) dans l'oeuvre d'Eliot, Fernand Brunetière voyait "le plus bel épanouissement littéraire" après -La Comédie humaine, Charles du Bos égalait -Middlemarch à Anna Karénine,
Proust disait ne pouvoir lire deux pages d'elle sans pleurer. Et je plaiderais pour apporter quelques fleurs à cet immense génie. Car aujourd'hui ces voix louangeuses se sont tues, en France du moins. Et beaucoup de mes amis, grands lecteurs pourtant, parmi lesquels une très fine romancière, me demandant perplexes, après s'être enquis de mon travail : mais qu'est-ce qu'il a écrit, au juste,ce George ? (p. 19)"

Quelle belle entrée en matière que cet extrait dithyrambique... en hommage en effet à George Eliot [ de son vrai nom, Marian Evans], aussi talentueuse que l'autre George [ Sand] !

Très joyeuse de cette découverte au fil d'une flânerie... double petit bonheur entre mon intérêt pour l'historienne-philosophe, Mona Ozouf, ainsi que ma curiosité très lointaine pour George Eliot [ le Moulin sur la Floss et Middlemarch... sont dans les listes d'attente, et lacunes à combler depuis des lustres, me semble-t-il !!]qui va être nourrie généreusement,
car curieusement Mona Ozouf a cette romancière anglaise dans son Panthéon personnel... depuis une éternité. Ce qui m'a fait aussi très plaisir d'apprendre... que cet enthousiasme pour cette auteure a été induite, provoquée par une professeure de français de Mona Ozouf, qui n'était autre que Renée Guilloux, épouse de l'écrivain, Louis G.

Mona O. nous raconte la longue et fidèle fréquentation des textes de George Eliot, étudie en détails trois de ses romans : "Le Moulin sur la Floss", "Middlemarch" et "Daniel Deronda"...

un très beau livre... à la fois "érudit", passionné et plein de sensibilité sur la femme, la moraliste, et l'artiste qu'était George Eliot... Compagnonnage littéraire, féministe et social des plus prenants... qui s'achève par un parallèle entre les deux George, l'Anglaise et la Française....

Ouvrage à ne pas manquer pour tous les amoureux de Littérature, de romanesque... qui englobe un large miroir d'une société donnée...avec le portrait mouvementé d'une femme déterminée, qui s'est battue pour écrire et devenir Ecrivain, sans les barrières sexistes [ ce qui l'a incité à prendre un pseudo masculin... pour gagner en liberté et échapper aux jugements stéréotypés de l'époque...]

"Pourquoi le choix d'un pseudonyme masculin ? Une femme déjà, dont Lewes et Marian [ George Eliot ] aimaient les livres brûlants, les avait publiés sous un énigmatique nom de plume. Avaient-ils à l'esprit l'exemple de George Sand ? Sans doute, puisque les deux femmes ont emprunté à leur amant, l'une la moitié d'un nom, l'autre l'entier d'un prénom. Et toutes deux, pour couper court au procès de tromperie qui les attendait l'une et l'autre, ont usé du même argument : si elles se sont masquées, c'est pour que leurs livres soient jugés selon leurs mérites propres. (p. 160-161)

A la fin de l'ouvrage, une double bibliographie nous est proposée: les traductions en français, d'un côté et de l'autre, des biographies et des essais en anglais sur l'oeuvre de George Eliot...

Une lecture foisonnante qui mêle autobiographie, histoire littéraire, Histoire des mentalités ainsi qu'un hommage sans pareil à George Eliot, comme la "Résurrection" d'une auteure, méritant d'être redécouverte ou plus exactement, lue plus largement !!...

Deux curiosités plus vives se dégagent après cette lecture : l'envie de lire (enfin !) le "Moulin sur la Floss" et "Daniel Deronda"... dont je ne connaissais pas l'existence, avant ce texte de Mona Ozouf !
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