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Critique de BackToBooks


Un roman sur La Havane par un cubain, un moment de l'histoire de Cuba raconté par un journaliste, un superbe livre policier par Leonardo Padura !

Après un premier contact avec cet auteur par le court récit Mort d'un chinois à La Havane avec un rapide séjour à Cuba et une brève salutation à Mario Conde, je retourne à la Havane pour prendre le temps cette fois de découvrir une partie de son histoire, de rencontrer ses habitants et surtout de déguster un bon rhum avec Mario Conde malgré toute cette agitation.

Même si Conde maintenant la soixantaine n'est plus inspecteur de police, ni même plus vraiment libraire, il n'a pas trop de temps à m'accorder car en parallèle de son boulot de nuit, il est plongé dans deux enquêtes.
Il trouvera tout de même le temps de me raconter, pour mieux me faire comprendre pourquoi, lui « pauvre et vieux et pessimiste », il reste à contre-courant de tout cet enthousiasme face à la venue historique sur l'île de Barack Obama et des Rolling Stones, accompagnée de toute cette floppée de touristes américains et de dollars.

Conde va me raconter au détour de ces deux enquêtes à deux périodes différentes, la génétique de ses compatriotes, et donc de son pays. Il va se replonger dans son passé à lui aussi et ainsi me dévoiler de quel bois lui, les policiers d'hier et d'aujourd'hui ont été extraits, sculptés et par quels vents tropicaux ils ont été érodés. Il va me dessiner l'évolution des plans d'architecture des rues, des quartiers de ce petit bout d'île selon les ambitions de ceux qui l'ont investi.

Finalement, accoudé avec lui au bar de ce tout nouveau club bondé, sans rien dire nous allons juste l'écouter nous dépeindre trois périodes avec trois policiers dont « deux Conde » et le laisser inexorablement chercher des réponses satisfaisantes à ses deux questions qui ne cessent de le tourmenter. Ici à La Havane, quelle est la définition de l'Honnêteté et qu'est-ce qu'être Heureux ?


En alternant les deux enquêtes de 2016/1910 jusqu'à chacune leur résolution, la mise en parallèle de l'évolution de ces deux policiers Conde/Saborit est véritablement renforcée jusqu'à presque croire qu'ils ont un lien particulier ou même par moment qu'ils ne sont qu'un. Bien sûr, l'emprunte de l'un sur l'autre est évidente puisque naturellement celle de l'écrivain sur son personnage. Cependant, la réciproque ne semble pas si absurde ou anodine, quand et comment le personnage Arturo Saborit va impacter son auteur Mario Conde. Tout le long, je me suis demandé quelle était la proportion de roman et d'archive historique qui composait son récit et donc sa vision sur son personnage.

Leonardo Padura nous dit lui-même en postface que c'est le plus policier de ses romans mais pas que c'est le plus sombre. Témoin attentif des changements sociaux à travers Conde, « hypermnésique », « acharné du souvenir », Leonardo Padura pose un regard froid sans concession sur la réalité cubaine. N'en étant qu'à mon deuxième roman, je ne saurais dire mais j'ai bien l'impression que beaucoup des tabous nationaux cubains sont abordés sans hésitation par Leonardo Padura dans son oeuvre - les inégalités sociales, les années de persécution et des abus du régime communiste, la corruption, la criminalité ou le racisme.

Pour conclure, j'ai de nouveau vraiment apprécié ce roman sur Cuba par un cubain qui c'est certain aime son pays et ses habitants. Et comme précédemment après cette lecture, je confirme mon envie de suivre de nouveau Conde dans d'autres enquêtes ou Leonardo Padura dans d'autres moments de l'histoire !
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