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Critique de Annette55


«  L'indifférence à soi vient avec l'âge , la fatigue, et la pratique courante du monologue intérieur [……] Lorsqu'on tire de la main droite , c'est l'oreille gauche qui devient sourde . Certaines symphonies de Malher , tout comme Prague de Mozart , sonnent quant à elles avec l'ampleur terrifiante , la clarté angoissante de jardins à la française hantés par la mort… » .

«  Quand même , le temps se levait par l'ouest et on entrevoyait ,sur la droite , au loin , une exquise écharpe de bleu très pur, doux et lointain , au ras de l'horizon , toute frangée de nuages parme » .
«  L'automne aux doigts tachés d'or et de rouille s'était encore un peu attardé autour .. »

Pourquoi ces citations qui n'ont rien en commun?

Parce que cet auteur, en vrai styliste , est capable de ciseler un paysage poétique , au lyrisme subtil, que conter le quotidien d'un officier de police judiciaire, dont on ne saura jamais le prénom , un héros amer, désabusé , noir , chargé de lassitude et d'appréhension, blasé , asocial, déshumanisé ,nombre de fantômes le hantent et le milieu où il évolue le révulse .

Les mots me manquent pour qualifier cet homme en train de s'enfoncer dans le sable, gardant en mémoire la plupart de ses hontes,, de ses souffrances , et la trace indélébile de ses lâchetés …

Il est chef de groupe de nuit , à se demander si l'auteur n'a pas vécu ces moments : une très longue descente aux enfers et je ne vous parle pas du vingt et unième chapitre , le dernier, cet homme a un goût prononcé pour la musique classique ,le piano , les cigarettes , en nombre ——- les livres —— point commun avec moi, il en possède plus de trois mille dans sa bibliothèque , il a mal au dos , froid dans les os ——des pensées moroses qui lui viennent de la nuit ——-il ne dort plus vraiment, fatigué des faux - semblants et des mensonges ….

L' ambiance est pesante , le rythme soutenu , l'intrigue : le suicide d'un sénateur passe au second plan, le flic ne croit plus en rien , il n'en a plus rien à faire … le ton est désespéré, il s'abîme en fumant et buvant , un Baltringue qui a perdu son âme , des nuits violentes , lassantes , épuisantes pour ce héros affrontant tout ce que la vie possède de décadent et de morbide …
Des clients venant geindre toute la nuit pour des tapages nocturnes, beaucoup de vols à la roulotte , des petites histoires qui auraient pu attendre le matin pour se régler.

Le lecteur assiste à des scènes d'une crudité incroyable , une arrestation musclée au Nord Parisien, l'incendie effroyable de réalisme d'un squat , l'assassinat terrible de cruauté dévoilée d'une prostituée ….il fait gris , il pleut , un flic perd son âme douloureusement …

Une très grande plume , j'ai failli cesser ma lecture ; bienvenue dans le monde des morts - vivants , mon libraire m'avait prévenue ….
C'est cruel , désespérant ..
j'ai acheté ce roman en août , tardé à le lire .

Ce livre est puissant , noir de chez noir , profond , lent, sombre , amer , d'un lyrisme étonnant, poétique , fort , humain, balayant tous nos accommodements, nos amertumes pas très reluisantes , nos frêles rêves salariés, «  nos secrètes cochoncetés , par ce que cela aidait à vivre . » …

À lire pour ceux qui en auront l'audace ou le courage ,.
On termine cet écrit désespéré un peu épuisé ….

Ce n'est que mon avis , bien sûr , comme toujours .
«  J'écoute le vent . Pour une raison ou pour une autre , le vent m'a toujours rassuré . C'est comme un grand courant dans le ciel qu'on ne voit pas. Il est plein de milliards d'âmes qui en ont fini de souffrir » .





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