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Critique de gavarneur


Hors les murs c'est en négatif l'obsession de la mère de la narratrice. Jeune veuve fière d'appartenir à une famille de lettrés, la mère souffre de devoir loger dans un quartier peu réputé, en-dehors des murs de la capitale.

Pak Wan-seo relate une enfance et une jeunesse, pendant la fin de l'occupation japonaise et jusqu'aux premières phases de la guerre de Corée. La personnalité de la narratrice va se former, de son enfance à la campagne en luttes pour la survie à Séoul, dans une relation complexe à sa mère et à sa famille, puis dans ses débuts à l'université.
Le confucianisme imbibe les pensées de la famille : respect des aînés, rigidité de la hiérarchie sociale, et la narratrice est dans une relation très ambivalente à sa mère, tentant de lui plaire, mais incapable de satisfaire ses demandes. le concept d'auto-fiction mentionné au dos du livre me gène, je me suis demandé si l'auteur ne réglait pas des comptes : l'amour de la mère se manifeste surtout par son dévouement permanent à ses enfants, ou plutôt par la volonté obsédée de leur donner éducation et statut social. Au contraire, les relations avec le grand-père et l'oncle sont remplies de tendresse, révélant ainsi par contraste ce qui manque dans la relation à la mère.

J'ai trouvé ce livre très riche : je n'ai parlé que d'une partie de la chronique familiale, il y a des relations très intéressantes avec les autres membres de la famille. Mais pour un étranger, la toile de fond surtout est impressionnante et m'a passionné. Songez que les enfants devaient dès l'école primaire suivre un enseignement en japonais, n'apprenaient pas à lire leur langue*. Dans les dernières années, l'occupant commence à imposer aux coréens d'abandonner leurs patronymes pour prendre des noms japonais. Sur cette période, Pak Wan-seo ne donne que le point de vue d'une petite fille, sans mentionner d'autres horreurs. Elle décrit plus précisément la découverte de la démocratie à la libération, puis les premières années de guerre, où Séoul se trouve alternativement des deux côtés de la ligne de front. La misère matérielle et l'ébullition politique sont énormes, la délation fait rage, des influences occultes peuvent décider de la vie ou de la mort. Les derniers chapitres qui décrivent cette agitation dramatique m'ont beaucoup intéressé, et la fin est magnifique.


*heureusement la lecture du Coréen, écrit avec un alphabet phonétique, peut s'apprendre facilement ; les pages où la narratrice commence à lire des livres dans sa langue, découvre petit à petit un autre monde et sa vocation d'écrivain, sont très belles.
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