AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de SZRAMOWO


Gipsy Palladini nous prévient en exergue de la première partie de Vices. Une enquête qui va nous faire frémir. Prière de bien accrocher son coeur. Elle nous conseille également d'écouter sa playlist en lisant le roman.
Massive Attack & Ghostpoet pour commencer suivi de Arctic Monkeys, Do I Wanna Know ? « Is there anyone who cares ? » Five Finger Death Punch, « Coming Down ».

Bienvenue à la BJV – Brigade des jeunes victimes – royaume de policiers peu conventionnels. Une création obtenue de haute lutte il y a 7 ans, par le commandant Louis Tala «(...) silhouette filiforme dans un élégant costume dont la couleur bordeaux accentue la noirceur de la peau.»
Vous y rencontrerez :
Myriam la quinquagénaire citant Sénèque, « La vie n'est pas d'attendre que les orages passent, c'est d'apprendre comment danser sous la pluie. »
Marie Lafontaine, la justicière maniant le couteau, «Le gnome blêmit quand l'arme s'enfonce entre ses côtes. Il est projeté contre le mur et s'affale, laissant derrière lui une longue traînée de sang.»
Zolan Stanić, le motard, «(...)une masse de cheveux qui se déploie jusqu'au milieu du dos (...) jean clair et t-shirt blanc. de nombreux tatouages (...) le long de ses bras.».
Son chef Marcus toujours à le réprimander «Ça suffit ! Tu crois que tu ne traînes pas assez de casseroles comme ça ?»
Bia, fan de K-Pop, des écouteurs en forme de panda collés sur les oreilles :
«— Oups. Sorry, les amis, dit-elle en les retirant. C'est le nouveau clip de Girls' Generation. Elles sont pas au top, sérieux ? Ma prèf, c'est Yuri… elle a joué dans Attack on the Pin-Up Boys. Trois étoiles au Michelin du ciné. Une histoire sur des flower boys victimes d'attaques fécales.»

L'affaire qui les mobilise démarre par la disparition d'une adolescente :
« Amélie Perrault » disparait. La BVJ découvre qu'elle se fait passer pour « Pierre Malleaut » sur les réseaux sociaux. Une anagramme que «même un gosse de 7 ans l'aurait deviné» dit Bia.
 

La BVJ est confrontée à l'indicible. le harcèlement entre adolescents, au collège ou sur les réseaux sociaux. Les adultes se rejettent la responsabilité, les parents attendent tout de l'école, l'école attend des moyens de l'Etat, l'Etat se défausse sur ses fonctionnaires et la police est souvent chargée de démêler la pelote, dans une ambiance où le «pas de vagues» est la règle.
«— Vous savez quel est le crime d'Amélie ? le délit de faiblesse. C'est le même pour toutes les victimes. Dans une société nombriliste où on avance à coups de griffes, les victimes sont pointées du doigt. Vous savez pourquoi ? Parce qu'on n'aime pas qu'on nous renvoie notre propre vulnérabilité.»



La proviseur du collège d'Amélie, «...élégante femme dont le port de tête lui donne des airs de reine à l'affût» ne joue pas vraiment le jeu, mobilisé par la réputation de son établissement, autant dire la sienne :
«— Enzo Bogato, alias Voldemort, ça vous dit quelque chose ?
Roselyne Bergeaux se tapote les joues pour leur redonner de la couleur.
— Le cancer de l'établissement. Depuis le collège que je me coltine ce petit con, si vous me pardonnez l'expression. Ses parents ont cinq entreprises en France et dix à l'étranger. Plus de huit mille employés dans le monde. Intouchables.»

Du côté des adolescents interrogés, la compassion n'est pas la règle non plus :

— Elle était tellement cheum qu'on avait juste envie de lui cracher à la gueule.
— Elle avait un petit ami ? enchaîne Marie.Les gausseries reprennent de plus belle.
— Qui voudrait se taper un truc pareil ?
— Faut crever la dalle !
— … et aimer le boudin !»

Mais derrière la provocation et les bravades, se cachent les émois amoureux et la peur d'être différent des autres. de ce point de vue le récit restitue tout à fait l'univers adolscent tel qu'il demeure depuis des lustres, en dépit des réseaux sociaux et des scandales que l'on voudrait y associer.

Question horreurs, le roman se montre à la hauteur des avertissements de l'auteur. Il navigue dans un monde que le lecteur a du mal à imaginer. Moi en tous les cas. Les policiers sont parfois des adolescents attardés et sont souvent plus proches des adolescents au milieu desquels ils mènent leurs investigations que des parents de ceux-ci.

Pas de portée moralisatrice ou démonstratrice de la part de l'auteur. Les faits sont rapportés bruts de décoffrage. J'ai parfois regretté ce côté « c'est comme cela on n'y peut rien », d'autant que le chute est à rebours de ce que laisse entendre le récit. Pas une déception de ma part, mais de l'étonnement.

La découverte de Gipsy Palladini a été une révélation.
Commenter  J’apprécie          170



Ont apprécié cette critique (17)voir plus




{* *}