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Critique de MarieKey


Les femmes du monde se faisant toutes subitement mener à la baguette (non, au sextoy !), vous y croyez-vous ? Un certain Chuck Palahniuk ne s'est pas privé de l'imaginer, il en a même fait un roman !
Orgasme (on passera sur le titre bien aguicheur de la version française, qui était beaucoup plus classe dans sa version originale anglaise : Beautiful You) ne fut pas forcément la lecture jouissive que j'attendais, mais ne fut pas un mauvais roman pour autant. Si le livre n'égale pas, à mes yeux, un Palahniuk au plus grand de son oeuvre, ce n'est pas le pire de ses romans (*louche du côté de Damnés*) et l'auteur à au moins le mérite de s'être un peu renouvelé.
Alors, finalement, de quoi ça parle, qu'est-ce qui cloche avec ce nouveau roman et y-a-t'il vraiment quelque chose qui cloche ?

Orgasme est le récit d'une jeune femme ordinaire qui voit brutalement (et c'est peu dire, à coup de gadin, de café latte renversé, de jupe remontée et de fesses à l'air) rentrer dans sa vie le jeune milliardaire le plus en vue de la planète : Linus Mawxell. Le riche businessman pose ses griffes sur la jeune femme et l'entraîne peu à peu dans sa quête du plaisir (du plaisir oui, mais du plaisir féminin !) effréné.

Pour commencer, ne vous fiez surtout pas au titre, à la couverture rose fluo ou aux prétendus airs de roman féministe que cacherait Orgasme. On est bien loin du roman érotique et idéaliste qui mettrait la femme sur un piédestal ! S'il est question de femmes, il n'y a rien de féministe dans l'histoire de Palahniuk, ne serait-ce que dans son héroïne Penny Harrigan, jeune femme banale, stagiaire dans un cabinet d'avocat, qui ne semble pas particulièrement ambitieuse (un peu engoncée dans cette idée que l'homme reste la cible à abattre et que malheureusement étant une femme...), pas particulièrement débrouillarde, qui a même l'air un peu gauche souvent, et surtout, qui n'hésite pas à se jeter dans les bras de Maxwell, le "méchant Prince charmant" de l'histoire. Quand au sexe, il est clairement présent dans le livre puisque l'histoire tourne autour du plaisir féminin, mais le roman n'a rien d'érotique, bien au contraire. Chaque scène évoquant le sexe, chaque ligne relatant l'une des expériences sexuelles de Maxwell sur Penny possède un caractère si scientifique et si froid qu'il est difficile de trouver les passages concernant plus émoustillants que glacials.

Car c'est ce qu'est le roman en définitive : une mise en scène glaçante sous forme de satire sur le contrôle des masses, le pouvoir des médias et la quête du plaisir. Une mise en scène dans laquelle l'auteur utilise les femmes (et si c'est à travers leur plaisir sexuel qu'elles sont manipulées, Palahniuk ne se gêne pas pour jeter des piques sur la société de consommation dans son ensemble : vêtements, chaussures, livres - la bit-lit surtout, ce qui m'a bien fait rigoler-, tout y passe plus ou moins).

Cet aspect de l'histoire, avec son lot de parodie et d'humour grinçant sur fond de vérité, m'a bien plu. C'est du Palahniuk tout craché. On reconnaît sensiblement l'auteur dans sa volonté de se moquer et de dénoncer les dérives de la société, de façon toujours plus ou moins flagrante. Dans son cynisme, son exagération et sa façon d'utiliser l'incorrect. Reste que, pour une fois, lisant un roman de l'auteur, je n'ai pas toujours eu l'impression de lire un roman de celui-ci. C'est cette impression qui m'est souvent restée collée à l'esprit et que je tiens pour responsable de ma petite déception vis-à-vis du livre. Du Palahniuk, certes, mais pas forcément comme je l'aime tant. Alors, est-ce à cause du style globalement plus épuré ( pas d'anaphores cette fois-ci, pourtant, je les ai cherché !), de son ton moins outrageux (enfin, tout dépend à quoi on est habitué je suppose, mais certainement moins malsain en tout cas), du caractère de son héroïne qui, si elle est attachante, reste très simpliste et banale comparée aux autres héroïnes de l'auteur, ou encore à cause de l'histoire en elle-même, satire plus réaliste (et encrée dans une certaine réalité) que les autres romans que j'ai pu lire de l'auteur... Peut-être.

En tout cas, si cet Orgasme m'aura laissé un petit goût de déception, on peut au moins reconnaître à Chuck Palahniuk sa faculté à puiser dans son temps pour, armé de sa plume acerbe et de ses idées tordues, nous livrer des histoires qui se moquent intelligemment, restent à l'esprit et se démarquent du lot ! Avec ce conte moderne dans lequel les femmes sont l'instrument de ses idées diaboliques et qui alterne entre plaisir, contrôle, rapport homme/femme et pouvoir des médias, il fera certainement mouche une fois de plus.
Lien : http://desmotsenvrac.blogspo..
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