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Critique de michfred


Trop de tout, surtout.

Trop de ficelles grosses comme des câbles pour arrimer une intrigue en somme assez mince -qu'est-il arrivé au chien R.?- à d'incessants flash blacks qui donnent au lecteur l'impression de chanter "Il était une bergère qui allait au marché",  trois pas en arrière,  trois pas en avant,  trois pas su'l'côté, trois pas d'l' aut' côté...

Trop de trucs, trop de truquages: l'auteur, rompu aux séries télévisuelles,  sait ficeler un scénario ,  il sait comment ménager un "cliff hanger" en fin de chapitre, pour le faire suivre, habilement, d'un rétropédalage inversé en tête du chapitre suivant...à tous les coups on gagne ou plutôt on perd: on n'attrape jamais la queue du Mickey!

On a vite fait d'éventer ces tours de passe-passe,  ces recettes de best-seller à deux balles. .

Trop de tout.

Trop de  "radeaux "qu'on enverrait volontiers par le fond, trop de "puzzles" - une parfaite illustration de ce qu'est une métaphore usée : au moins une centaine d'occurences ! .

 Trop de délires de la savoureuse Amalia,  Une mère que nous avions tant aimée pourtant...  mais là elle en remet dans les fausses naïvetés et les coq-à-l'âne. On a juste envie de lui dire que si elle continue à débloquer,  on va l'emmener voir un psy.

Trop d'introspection, trop de drames personnels et intérieurs de Fer, le narrateur-qui- s'empêche- de- vivre, d'Emma sa soeur -qui -s'empêche -d'exister, de Silvia, son autre soeur -qui -s'empêche- de- se -lâcher.

Trop de tout.

Et pas assez de chien.

Car c'est quand même de lui,  R. le chien,  qu'il s'agit.
R. le chien de remplacement, le chien non désiré,  le chien cadeau empoisonné, R. le chien sans nom.

À cause de lui, des quelques magnifiques pages à lui consacrées ou plutôt conservées dans ce puzzle indigeste, ce radeau en perdition- voilà que je m'y mets aussi!-, à cause de R.,  donc,  je me suis accrochée jusqu'au bout dans cette mauvaise suite d'Une mère.

C'est lui qui m'a touchée, émue, et , malgré mon agacement croissant à l'égard de toute cette smala de bras cassés,  c'est lui qui m'a retenue et finalement bouleversée.  

Il faut dire que j'aime les chiens.

Et j'ai regretté tout le temps de ma lecture qu'Alejandro Palomas n'ait pas sacrifié courageusement sa suite par trop commerciale d'Une mère, pour écrire un livre vraiment nouveau, un livre unique, en solitaire, comme une pièce sans puzzle, comme un naufragé sans radeau, un livre intime et simple,  centré sur l'histoire d'un deuil difficile, apres la mort d'un chien.

 La chronique  d'une nouvelle histoire de chien qui démarre mal.

Pour les yeux noirs et tristes de R. un soir d'orage, je mets trois étoiles.
Un peu de lumière stellaire pour lui tout seul.
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