Monsieur René Pervenche n'avait rien d'un original. Chaque matin, il se levait à une heure raisonnable pour prendre un petit-déjeuner modeste tout en lisant son journal. Il vaquait à ses occupations, faisait des visites, gérait courriers et relations avec la nonchalance admirable des jeunes gens les plus corrects. Seule ombre au tableau : sa vénérable mère lui écrivait chaque semaine – la lettre arrivait sans faute le mercredi – pour lui rappeler qu'elle souhaitait ardemment qu'il se mariât. Toujours les mêmes phrases couchées sur le papier. D'une écriture rondelette et capricieuse, Simone Pervenche se lamentait : « Nous ne serons pas éternels, mon garçon », « pense donc à l'économie de ton ménage » et autres « je me meurs de savoir mon fils éternellement seul ». À force, René jetait le courrier, le lisant à peine.
Le 25 avril 1895 vint bousculer ses petites habitudes.