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Critique de SophieLesBasBleus


De Lyon jusqu'à La Virote, à 7 km de Montélimar, la carte routière montre un trajet somme toute assez rectiligne. En moins de 2 heures il peut être effectué. C'est pourtant dans un voyage beaucoup plus long et sinueux que nous embarque cet étonnant "Giratoire".
La conception de la décoration d'un rond-point près du village est l'objet d'une réunion du Conseil Municipal de la Virote à laquelle Joaquin, chargé du projet d'aménagement, doit participer. Envoyée par la maison-mère, une consultante, Vivienne, l'accompagne et - sans doute - l'évalue dans la perspective d'un prochain licenciement. Voilà qui donne une première idée de l'ambiance qui règne dans la voiture !
Un giratoire "permet d'éviter les dysfonctionnements que toute intersection est susceptible de générer, en faisant fonction d'obstacle et en obligeant les conducteurs à réduire leur vitesse."
Des obstacles, des dysfonctionnements et des ralentissements, la vie de Vivienne et de Joaquin en rencontre déjà beaucoup et ils devront en affronter bien d'autres au cours de ce voyage qui prend tour à tour des allures de chemin de croix, d'aventures picaresques et de balade saugrenue. Cocasses, tragiques, inquiétantes les péripéties ne se succèdent pas mais composent une sorte de ronde infernale dont les protagonistes ont bien du mal à s'extraire. La narration est à l'image de véhicules tournant vertigineusement autour d'un rond-point car le récit avance par "tuilage" entre le point de vue de Joaquin et celui de Vivienne. Les décalages entre les deux constituent une avancée par soubresauts à l'image de ce trajet imprévisible et dévoilent les fêlures, les peurs et les échecs des deux voyageurs.
La fluidité de l'écriture entraîne un mouvement vers l'avant, comme une volonté de poursuivre la route en tentant d'en maîtriser tous les aléas. Mais, dans le même temps, la construction par légers retours en arrière donne une sensation de "sur-place", comme si l'on était retenu par des chaînes indistinctes. Ce double mouvement crée la même atmosphère que dans certains cauchemars dans lesquels la destination est à portée mais inéluctablement empêchée par des menaces indéfinissables.
C'est si remarquable de finesse et de maîtrise que le lecteur prend part au voyage, à la fois impatient d'arriver à l'heure pour la réunion, et décidé à musarder sur les petites routes empruntées.
Giratoire. Un mot, un titre, un concept et un lieu que le roman explore tant dans la forme que dans le fond.
Comme un bout d'existence qui n'oserait pas prendre un chemin buissonnier.
Pour moi, un roman extraordinaire, éblouissant ! Dominique Paravel fait désormais partie des auteurs dont j'attendrai avec grande impatience les prochains livres !
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