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Critique de Settadelangelo


Cher Jean Marc,

J'ai lu un livre que je relirai ou du moins que je feuilletterai encore et encore et j'en ai la certitude, toujours avec le même plaisir invariable de la première lecture parce que ce livre est un roman d'époque : la mienne. « Avant, pendant, après » est un court roman de 114 pages qui m'a scotché de bout en bout, trois heures de lectures non stop, une histoire moderne dans une époque furieuse et contemporaine, des personnages touchant parce que fondamentalement tristes, seuls et désemparés. Jean marc, je me suis laissé prendre quand tu m'as embarqué dans la vie amoureuse et échevelé de ce quarantenaire, parolier prolifique pour un chanteur de variété célèbre dans le Paris des années deux milles, ce Paris sûr de lui-même, exubérant, souriant, incandescent, ce Paris que j'empresse d'aimer comme tes personnages. Dans une prose soignée, ciselée, caustique et parfois minimaliste : « …Seul comptait le bonheur des mots, on ne l'entendrait jamais, je beurrais de volupté ce monde de merde, je mariais les mots, et je les envoyais se faire foutre à la musique dans la fraicheur climatisée des studios …», tu dépeins un milieu, que sans doute tu dois bien connaitre même si parfois tu sombre ( heureusement pas trop) dans des clichés trop souvent entendu - celui du show business - dans un cynisme et une lucidité effrayante. Ton huitième roman parle d'amour, le vrai, celui qui fait mal, celui qui nous saigne le coeur avec douceur et excite notre curiosité de lecteur de bon roman léger. Jean Marc, tu scrutes, tu cisailles, tu dépouilles, tu arranges avec une précision d'horloger helvète les modalités exquises de la rencontre, les rituels bien sentis de la séduction, l'évidente impossibilité d'une vraie vie à deux, la brutalité de toute forme de séparation. le roman est bien construit, rien n'est forcé, tout s'écoule dans une limpide fluidité, les articulations de l'intrigue sont d'une grande justesse, tu maitrises avec brio des thèmes à la mode chez la nouvelle génération d'écrivains contemporains comme la sournoise solitude, la certitude fragile, le désarroi subtile, la désillusion lancinante, l'effet des sentiments vertigineux, la folie amoureuse, les affres perfides de l'ennui, cette façon absurde chez certains de voir des destins nichés dans chaque rencontre bref la condition effroyable de l'homo sapiens moderne. Enfin et non des moindre tu nous sers des aphorismes bourrés de grâces avec beaucoup de générosités, ca doit sûrement être une des raisons pour laquelle j'ai aimé ton roman, les aphorismes c'est un peu comme le visage frappant d'une ravissante jeune fille que l'on essaye de chercher dans un grand casting pour top-modèles en herbe où on a l'impression qu'il n'y a que de jolies visages évidents, tu sais cette sensation inouï quand on trouve ce retrouver nez à nez face à ce visage frappant, on s'y attarde presque béatement, on la photographie mentalement, on ne veut plus la quitter des yeux, je crois que tes aphorismes produisent le même effet. Voici quelque unes de ces pépites que j'ai égrené au passage et qui m'on un arraché un sourire de délectation: « j'écrivais trois cent mots qu'un autre écrivait en trois minutes », « la première que je l'ai vue, je ne l'ai pas vue, je l'ai aimée de dos », « les blondes, on dirait toujours qu'elles pleurent des cheveux. Avec les brunes c'est plus grave, plus tragique, on est au vif du sujet, dans le noir évident de la sexualité ». Mon ami, je crois que tu as écrit un livre touchant, lucide, réfléchi, trempé dans l'argile de la grâce. Je sais pourquoi j'aime vraiment ce roman, c'est parce que j'aurai aimé l'écrire.

Ton ami.

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