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Critique de AlexianeTh


[Blog : Marmite aux Plumes]

[Lien de la chronique : http://marmiteauxplumes.com/t-2-la-liturgie-des-anges-le-tombeau-de-lhumanite-dalex-parker/]

Ce qui nous avait frappés lors de la lecture de L'Idiocryncrasie, c'est la pluralité des genres en un même texte : fantastique, science-fiction, espionnage, action… Dans cette suite, nous constatons que le fantastique recule de plusieurs pas pour laisser la dominance à la science-fiction. Ce récit peut faire écho à certains films sortis ces vingt dernières années et appeler nos peurs, issues de notre instinct le plus primitif.

L'apocalypse, le déluge… la fin du monde.


Une thématique abordée à de multiples reprises à travers divers supports : avant que les catastrophes n'aboutissent, pendant qu'elles se déroulent et la survie qu'elles exigent, ou l'après qui conduit à une histoire post-apocalyptique.

Ici, nous pourrions bien avoir l'impression que tout est regroupé en un seul roman… Nous précisons bien impression, mais vous comprendrez pourquoi en passant le cap de la lecture.


En abordant un tel sujet, Alex Parker rétrécit son intrigue pour la concentrer sur le dernier rush révélateur. Une nouvelle course contre la montre s'enclenche, mais il n'est plus question pour Ted Smith de sa propre survie, mais celle de toute l'humanité.


Le lecteur se verra en effet confronté à l'horreur de la fin du monde. de quelle manière ? Ah, cela est si peu fairplay de vous le dire… Il faut se prêter au jeu par vous-mêmes. Ce que nous pouvons vous dire, en revanche, est que vous serez susceptibles d'avoir vos yeux s'arrondirent, s'écarquiller, le souffle devenir court et une sourde angoisse vous nouer le ventre en assistant au spectacle cataclysmique et aux terribles conséquences de l'orgueil ainsi que de l'immaturité humaine. Mais pourquoi est-ce si déroutant et dérangeant ?


Peut-être parce que l'auteur s'appuie sur de profondes recherches afin d'étoffer les évènements qu'il traite dans son texte ; il s'appuie sur des chiffres, des faits réels, et écosse sans doute ses propres peurs qui trouvent, primitivement, résonnance avec les nôtres. Il en appelle à notre conscience — plus loin encore, à notre inconscience qui se mure derrière le déni pour certains d'entre nous — mais aussi à notre morale bien cocoonée dans le coton de notre confort et de nos illusions sociétales. Alex Parker vient se servir de nos cauchemars comme le réalisateur et scénariste d'un film catastrophe le ferait, et nous plante, paradoxalement, face à notre rationalité : « Alors, maintenant que tu es là et que tu sais, que ferais-tu à la place de Ted, Hicks, et [personnages mystères] ? »


Le Tombeau de l'Humanité est comme un parchemin que nous déroulerions petit à petit, découvrant de nouveaux secrets qui trouveront leurs réponses au fur et à mesure, jusqu'à l'ourlet final. de péripéties en dialogues que l'auteur aime toujours autant creuser de débats philosophiques et psychologiques, nous sommes ballotés entre des myriades d'explosions de vérité que nous attendions depuis le début du premier opus.


Alex Parker réussit à se transposer lui-même dans cette aventure trouble, assez pour crédibiliser ce qui pourrait advenir en pareille situation. Nous le ressentons, grâce à ce qu'il est capable de transmettre et au vocabulaire soigneusement choisi, aux émotions que nous accueillons — tant bien que mal en fonction de notre sensibilité tiraillée pour la plupart.


Encore une fois, les nuances sont traitées avec minutie. Les personnages sont toujours aussi ambigus — cette fois, nous sommes uniquement du point de vue interne de Ted —, et oscillent sur le fil ténu de l'éternelle notion implantée du bien et du mal. Cette réflexion s'exacerbe au fur et à mesure : plus nous approchons de la fin, plus notre morale est mise à rude épreuve.


Il y a moins d'actions « pures » dans le Tombeau de l'Humanité, plutôt des scènes articulées autour de mouvements et de découvertes, d'avancée des personnages qui permettent, de facto, une avancée dans l'intrigue.

Nous avions soulevé dans la première chronique qu'une partie des lecteurs serait susceptible de peiner à différencier les personnages dans les dialogues, étant donné le point commun qu'ils partageaient : un langage extrêmement soutenu, voire élitiste. Nous avons pu noter que l'auteur avait su, ici, accorder à un plus grand nombre de ses protagonistes des traits de caractère plus définis et identifiables à travers leurs échanges. L'onde verbale est ainsi plus diversifiée et rythmée.


Dans cette même lancée, nous avons aussi remarqué que la lecture était plus « fluide ». Si la plume d'Alex Parker reste fidèle à elle-même — et heureusement ! Chacun son écriture et son style —, elle parait plus « abordable » ici, temporisant le vocabulaire très riche qui pouvait, dans le premier tome, faire obstacle à l'immersion totale. Ces termes intelligents et les plus à même de retranscrire au mieux ce que souhaite le romancier restent tout de même présents, mais plus ponctuels — dans les dialogues aussi.


Alex Parker semble par ailleurs beaucoup apprécier les citations. Il s'appuie sur nombreuses d'entre elles, souvent comme arguments dans les débats qui confrontent ses héros et donc, comme appui dans ses interprétations et explications.


Explications qui réclament la plus grande concentration de notre part et, parfois, quelques relectures afin de bien comprendre les tenants et les aboutissants.

Nous ne pouvons pas développer davantage le récit ; il se pourrait que nous en ayons déjà trop dit.

Le Tombeau de l'Humanité est bien le dernier tome de la Liturgie des Anges. le final risque vous troubler bien plus encore et vous laisser coi, mais après réflexion, vous seriez amenés à le trouver tout à fait approprié.


Alex Parker signe une histoire complète, complexe, riche en personnages et aventures, en twists ainsi qu'en réflexions qui remettront nombreuses de nos certitudes en cause, débattent autour de nos convictions jusqu'à la religion et les fondements de notre société. Un texte qui plonge bien plus dans la science-fiction et nous interroge.

Et nous laisse, l'estomac en vrac, tandis que nous nous demandons : « Est-ce déjà trop tard ? »
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