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Critique de polacrit


Londres. Juillet. La canicule étouffe la capitale britannique sous ses feux vengeurs. L'équipe de la surintendante principale Swire visionne l'exécution de Mahmud Irani, ancien membre du gang des violeurs de Hackney. La video postée sur le net montre en effet les derniers instants du violeur reconverti en chauffeur de taxi puis son agonie, pendu par une corde accrochée à un tuyau du plafond.
Le lendemain, son cadavre est retrouvé en plein milieu de Hyde Park. En l'absence d'un lieu du crime et de témoins, commence alors une enquête de routine, longue et fastidieuse: "Appliquons la procédure "RIE" à toutes les personnes qui avaient des raisons de haïr la victime, commençai-je. Remonter la piste, Interroger les victimes et Éliminer de la liste des suspects." (Page 48). Car tous les experts mis sur le coup, notamment l'inspecteur Max Wolfe, ont beau s'abîmer les yeux à force de visionner la video, aucun indice ne permet d'identifier les auteurs du crime, encore moins le lieu.
Quelques jours plus tard, une deuxième exécution: "-On a une deuxième pendaison, dit-elle la voix chargée d'adrénaline. Regarde sur Internet. -Je serai au bureau dans un quart d'heure, je la verrai à mon retour. -Max, regarde-la maintenant, dit-elle en reprenant sa respiration. Cette fois-ci, c'est en direct." (Page 59). Un assassinat par pendaison? Mais qui de nos jours peut bien vouloir exécuter quelqu'un par pendaison?
S'agit-il de vengeances personnelles ou de punition collective à l'encontre de criminels parvenus à se glisser entre les mailles parfois bien lâches du filet judiciaire? Ces vengeurs masqués à l'effigie d'Albert Pierrepoint, le bourreau le plus célèbre d'Angleterre au milieu du 20 ème siècle avec plus de 435 exécutions à son actif, sont-ils des héros ou de vulgaires serial killers? Afin de répondre à cette complexe question morale, Max Wolfe va devoir s'immerger dans les entrailles de la cité londonienne encore imprégnée d'un lourd passé qu'elle s'efforce en vain d'oublier.
L'enquête: le lecteur a la chance de suivre l'enquête de l'intérieur, assistant aux séances de briefing, aux investigations, aux ressources mobilisées pour trouver les auteurs des meurtres, notamment la séance avec le spécialiste dans le but de dresser un portrait psychologique des tueurs ou les explications de Tara concernant la biométrie vocale. J'ai particulièrement apprécié les discussions avec l'historien spécialiste du vieux Londres Adrian Hitchens afin de localiser l'endroit où les exécutions ont lieu.
Une des richesses de ce roman sont les détails concernant les procédures d'enquête, notamment dans cet extrait quand Wolfe et Whitestone arrivent sur le lieu où le premier cadavre a été découvert, ajoutant une touche de réalisme appréciable: "Avec nos gants bleus en nitrile, nos masques blancs et nos chaussures recouvertes de sachets plastique, nous marchions sur des plaques de la médecine légale invisibles à l'oeil nu. Ces plaques, transparentes, légères, Whitestone et moi les posions sur l'herbe devant chacun de nos pas avec mille précautions. Un chemin  non contaminant se dessinait jusqu'au cadavre." (Page 36).
Le club des pendus est un roman dense, non par son nombre de pages, mais par sa profondeur, n'hésitant pas à aborder de plein fouet la question très complexe de la justice. Dès les premières pages, Tony Parsons suscite chez le lecteur un sentiment de révolte face aux déficiences du système judiciaire aux jugements parfois injustes, comme le montre le procès des jeunes gens qui ont tué Steve Goddard à coups de pied, le mettant en condition pour la suite...
L'envers de la médaille: ceux qui restent, dont les vies sont détruites, qui ne trouveront jamais la paix, même pas l'apaisement de voir punis les criminels qui ont fait voler leur vie en éclats;  la femme et les enfants de Goddard, la mère du petit Daniel renversé par un chauffard, qui "ne s'est jamais remise de la mort de son fils...Même plus capable de sortir un chien deux fois par jour. de se lever de son lit pour lui donner à manger, ni pour se laver ou emmener sa fille à l'école. Elle ne voit plus aucune raison de faire tout ça." (Page 77).
La tension dramatique monte crescendo au fur et à mesure des exécutions, désormais filmées en direct. le suspense est presque palpable. Les personnages sont ballottés par cette histoire qui ne peut laisser personne indifférent. L'intrigue est ficelée de main de maître. le lecteur est pris dès les premières pages et n'en sortira certainement pas indemne, confronté à sa propre conscience, devant répondre à cette question cruciale, comme Max: et si c'était votre propre fille, âgée d'à peine onze ans, qui s'était retrouvée dans cette salle avec ces hommes, ces violeurs brutaux et insatiables? Et si c'était votre propre petit-fils qui aurait perdu la vie à cause d'un chauffard inconscient? Comment auriez-vous réagi, inspecteur? Qu'auriez-vous fait? 

Lien : https://legereimaginarepereg..
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