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Critique de cecilit


Camille Pascal commence son essai (on pourrait même l'appeler enquête) par une phrase aussi crue que vraie : "De Marie-Louise O'Murphy, L Histoire n'a retenu, ni le nom ni le visage, mais le cul".
Il est vrai que c'est à son postérieur que Marie-Louise doit sa postérité. Car son fessier a été rendu célèbre grâce au tableau à l'érotisme non dissimulé "L'odalisque blonde" ou "La jeune fille allongée " peint par François Boucher en 1752. Attendez voir... Marie-Louise O'Murphy, née en 1737, était une jeune fille seulement âgée de 15 ans quand le mondain Boucher l'a choisie pour modèle ... mais qui donc était-elle pour se retrouver ainsi portraiturée par le peintre le plus courtisé de l'époque et le plus proche des puissants et donc du roi lui-même ?
Le hasard n'a rien à voir avec la présence de Marie-Louise dans l'atelier de François Boucher et encore moins dans le lit du roi. Connue pour avoir été une des très jeunes maîtresses non officielles (l'officielle ayant été La Pompadour) de Louis XV, Marie-Louise O'Murphy (ou de Morphy, Morfi ou plus tard, Morphy de Boisfailly lorsqu'il fut utile pour elle de s'inventer une noble ascendance) ne pouvait échapper à ce destin à cause de deux éléments : sa famille et les moeurs de son époque.
Issue d'une famille d'origine irlandaise qui s'est retrouvée déclassée à son arrivée en France (à moins qu'elle ne se soit inventée d'illustres ancêtres ? le doute subsiste selon Camille Pascal), la jeune Marie-Louise à été élevée par des parents pour lesquels la prostitution etait une véritable entreprise familiale et la naissance de cinq filles une aubaine pour faire fructifier leur affaire.
Voilà qui est posé, la carrière de courtisane (mais de celles qui ne s'approchent que des puissants) de Marie-Louise était toute tracée.
Ajoutons à ce contexte familial le fait assumé que consommer de la chair fraîche et vierge était le moyen, pour ceux qui pouvaient acheter un pucelage, de repousser la mort.
Arrivée au sommet de sa carrière (Louis XV n'était-il pas pourtant pas gaga d'elle?) et logée somptueusement dans le quartier du Parc aux Cerfs de Versailles, elle en fut pourtant chassée par le roi lui-même.
Sombre enquête qui décrit un système institué où des jeunes filles étaient négociées et vendues par un réseau dont le fonctionnement, écrit l'auteur, présentait des similitudes avec les autres circuits d'approvisionnement de la Cour, comme la viande et le poisson...
Camille Pascal a réussi là un essai historique qui se lit comme un roman et dresse le portrait d'une femme au destin mouvementé.



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