Six ans plus tard je comprendrais que la dépression s'immisce grâce à cette pensée. À quoi ça sert de faire mon lit, je vais le défaire ce soir ? Si on laisse cette pensée gagner on est foutu, c'est l'essence même de la vie de faire pour défaire. Après c'est pourquoi voir mes amis, je pourrais les voir plus tard, pourquoi manger je vais chier, pourquoi tomber amoureux un de ces quatre on va rompre.
Maintenant c'est les problèmes, c'est pas pareil, ça cohabite les problèmes, ça se met en coloc, parfois ça baise ensemble, jusqu'à créer un nouveau petit problème que t'avais pas vu venir.
Je fais croire que je sais faire des choses alors que non par convenance. Et lui me fait croire que je fais bien les choses alors que non par politesse.
Je traîne au lit, fixe le plafond, il fait froid. Je suis fier et frustré, dans cet ordre. Je me lève. J'y pense. Je mange, et j'y pense. Je n'arrive pas à travailler. Le soir, je prends un bain, encore. Je mets "Ivy", encore. Et je m'imagine le revoir. J'ai honte. Pas honte d'avoir fait. Honte d'avoir mal fait. De ne pas avoir pu totalement profiter. Je pense à toutes ces années avec les filles où je voulais faire croire aux autres que pour moi c'était pareil. Je plonge la tête sous l'eau. Je me dis que la découverte de sa sexualité ça passe pas par le sexe comme on le pense, mais par le cœur.