Il s'endort tout de suite, je le regarde, on dirait un enfant. Je suis content qu'il aille bien. Je le fixe et me dis que rien ne compte dans la vie à part être enfant et avoir un enfant. Le reste c'est du remplissage, le reste c'est du crayon de couleur qui ne doit pas dépasser.
Je ne suis pas doué pour les sensations. Enfin j'ai fait ma tambouille depuis quelques années pour réussir à ressentir des choses par moments. J'envoie des phrases aux gens, eux ressentent et je m'adapte à ce qu'ils ressentent, je les copie. J'envoie, ça rebondit, je rattrape.
C'est pas non plus comme chez les psychopathes, j'ai pas un grand rien à l'intérieur, j'ai jamais eu envie de découper un chat non plus. Je ressens au fond, dans le bide, juste, je fais pas confiance donc je fais pas remonter les infos au cerveau, ou au cœur, moins loin.
C'est plus comme une distance neutre, voilà. Un pas de côté. Je marche à côté de la vie. Je vois les sensations mais j'ai le bras trop court pour les attraper. Ou peut-être que j'ai peur que ce soient elles qui m’attrapent.
Rien ne me pénètre réellement.
Je la comprends, la mémoire c'est la vie sans l'urgence de la vie, sans la gravité, c'est l'espace sans le temps. C'est un endroit qu'on façonne, une zone de confort, où l'on peut revivre, une deuxième fois, sans le poids des conséquences, des nuits d'angoisse.
On n’a aucune ligne de dialogue dans nos scènes à deux, juste une didascalie *le plus poliment possible*.
Enfant, je t'en voulais de ne pas dire, de ne pas faire. Adulte, je comprends enfin que tu ne sais pas dire, tu ne sais pas faire. Je suis condamné par l'espoir.
Mais surtout, je n’arrête pas de me demander : que deviennent les larmes qui n’ont pas coulé ?
C’est plus comme une distance neutre, voilà. Un pas de côté. Je marche à côté de la vie. Je vois les sensations mais j’ai le bras trop court pour les attraper. Ou peut être que j’ai peur que ce soit elles qui m’attrapent.
Je l’ai vu parler de moins en moins au futur. Sauf qu’il ne sait pas parler au présent et ne pense - officiellement - jamais au passé.
Est-ce que mon amour pour La Vie est encore dans le onzième ? Qu'il était trop gros pour être empaqueté dans mes cartons?
je pleure toujours devant Freddie Mercury qui fait chanter en chœur un stade immense dans je ne sais quel pays d'Asie. Quand j'étais petit ma mère m'a acheté des disques de Queen et je suis devenu complètement accro à « Bohemian Rhapsody » au point qu'ils ont dû me dire d'y aller mollo parce que je faisais chier tout le monde à la chanter tout le temps.