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Critique de Nestor54


Véronique Pascual, une créatrice de réels

J'ai d'abord apprécié chez l'auteure sa capacité démiurgique à imaginer et construire des mondes complets, organisés, tout à fait crédibles. Elle donne vie à tout un univers, à des personnages fascinants, qu'ils soient inquiétants ou sympathiques. Elle crée une nouvelle langue en revenant à l'origine étymologique des mots. Elle joue avec la langue française, c'est très agréable et intellectuellement savoureux.
Les descriptions visuelles foisonnent d'inventivité. J'ai trouvé certaines scènes très belles : la prison sur la Lune ; la géode ; les insules. J'ai adoré la marche des sensitifs, digne d'un opéra, que j'imaginais se déroulant sur fond de requiem.
Les mondes de l'an 3000 sont à la fois familiers et déroutants. le futur décrit est plausible. Il propose un idéal de bonheur collectif qui génère pourtant des inégalités sociales fortes et crée ses propres marginaux. C'est un système qui a son antisystème alors qu'il se veut universel. Est-ce de l'anticipation ou de la préscience ?
Dans cet univers fascisant et hypocrite, les gouvernements effacent le passé en réservant la connaissance à un petit nombre de personnes. On comprend alors que la quête des sphères et des tablettes initie une quête plus philosophique, humaniste. Les héros se transforment en résistants. En plongeant dans les abysses du passé, ils refusent la vie réglée des insules.
Il y a plusieurs niveaux de lecture possibles. D'abord la lecture plaisir, quand on aime la SF. C'est un roman facile à lire. Mais on peut aller plus loin. La création eschatologique (dans le sens philosophique, pas dans le sens religieux) et cosmogonique donne aux « Eaux interdites » une dimension philosophique et politique. Cela me fait penser à Mircea Eliade : l'histoire est un éternel recommencement. Les hommes ne retiennent pas les leçons du passé alors que ce monde a été créé pour qu'ils ne reproduisent pas les erreurs de leurs ancêtres. La religion thalsienne en est la parfaite illustration. Elle nous amène à souhaiter la disparition des religions pour le bien de l'humanité.
L'évolution des sciences décrite dans le roman, les recherches de l'auteure, son imagination, ses inventions, en somme sa quête de l'avenir de l'humanité, font écho à la quête de ses héros.
La seule réserve que j'émets concerne la psychologie des personnages. Je les souhaiterais plus denses, moins manichéens. J'attends les tomes suivants avec impatience pour voir leur évolution.
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