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Critique de CecileMK


Relecture du célèbre roman de Pasternak dans la nouvelle traduction de Hélène Henry. Dans sa préface, celle-ci rappelle le destin compliqué du roman. Rédigé entre 1946 et 1955, il fut refusé par les revues et éditeurs soviétiques (le contenu et la forme ne correspondait en rien au réalisme soviétique en vigueur à l'époque). Il a d'abord été publié dans une traduction italienne en 1957, puis dans une traduction française en 1958 (dont j'ai un des exemplaires qui a appartenu à mon grand-père russe, qui vivait en France depuis 1921). Ce n'est qu'en 1988 que le livre sera publié en Russie.
Avant de lire la première fois le roman, j'avais déjà vu plusieurs fois le film de David Lean (1965) avec Omar Sharif, Julie Christie (couple dont on peut reconnaître la silhouette dessinée par la fumée de la locomotive sur la nouvelle couverture de l'édition Gallimard). Assurément, les images du train de Strelnikov fonçant à travers la Sibérie, celle de Jivago arrivant épuisé au domicile de Lara et la fin dans le tramway de Moscou sont restées ancrées dans ma mémoire. Se plonger dans le roman de Pasternak, c'est d'abord retrouver les grands romans russes du dix-neuvième siècle, avec toute leur galerie de personnages (avec prénom, diminutif et patronyme). "Le docteur Jivago" est à la fois une fresque historique et sociale (qui débute en 1905 et se déroule en grande partie pendant la guerre civile), un roman d'amour et un roman d'idées dans lequel Pasternak développe ses principes esthétiques ou philosophiques. Jivago, sorte de double de Pasternak, traverse tous les évènements dramatiques de ces années-là, mais sans vraiment y participer en s'engageant volontairement (il est d'ailleurs dénué de toute volonté lui dit Lara, tout en admirant en lui son intelligence). le roman raconte ces destins individuels ballotés par la grande Histoire et qui se croisent dans l'immense espace de la Russie à la faveur du hasard, comme les lignes de chemin de fer se croisent à une fourche pour se séparer ensuite.
En ce qui concerne le style de Pasternak, si j'ai apprécié certains passages très poétiques (notamment un à propos d'un sorbier et d'autres où ce sont les arbres qui regardent par les fenêtres), je suis restée indifférente aux passages trop lyriques. Il ne fait aucun doute que des motivations politiques sont entrées dans l'attribution du prix Nobel à Pasternak en 1958, en pleine guerre froide.
S'il ne fait pas partie de mes lectures russes préférées, "Le docteur Jivago" est néanmoins un roman incontournable à lire pour qui s'intéresse à la culture russe.
PS : j'ai grandement apprécié la qualité du papier fin de la nouvelle édition de Gallimard (surtout en comparaison de mon vieil exemplaire de l'édition de 1958, qui a , c'est le moins qu'on puisse dire vécu.
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