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Critique de VincentGloeckler


Un premier roman magnifique (et si « premier », nécessairement, prévoit une suite, la promesse est belle !), mais quand, surtout, la narratrice porte les noms de l'auteure, un texte bouleversant, l'oeuvre assurément d'un âpre travail de deuil, tissée d'une écriture au vif des émotions, chaque mot coulé de l'encre la plus intime… Avouons-le, quitte à passer pour un foutu sentimental, l'on n'a pas pu s'empêcher de verser quelques larmes à lire « la lettre de Juliette » au père disparu et le commentaire de la narratrice, sa fille, découvrant enfin une âme complice, partageant la même image que la sienne de la personnalité complexe du défunt. Et de la première à la dernière ligne du récit, guidé par la musique tantôt caustique, sinon d'une allègre insolence, tantôt mélancolique et empreinte d'une énorme tendresse, des mots d'Anne Pauly, de se laisser convaincre de cet amour fou d'une fille pour un père à double visage, dont elle rappelle les pires excès, l'alcoolisme et les mauvais traitements, la violence réservée à sa mère et, parfois, à ses enfants, le foutu égoïsme d'un punk déglingué, tout en montrant son attachement maladroit à l'harmonie des êtres et du monde, son attirance presque mystique pour les sagesses chrétiennes et orientales, son goût pour l'ordre (révélé par l'inventaire des objets laissés dans sa maison, un morceau d'anthologie !) et la bizarre poésie qui émane parfois de celui-ci, ses délires maniaques et, pourtant, son extrême douceur. Et pourtant, oui… Cet « avant que j'oublie » joue, sans cesse, avec cette articulation des deux faces du père, de ses figures contradictoires, de cette difficulté à tenir droit - sur une jambe unique -, quand on est de classe modeste, et le lecteur en reste pantois, effrayé d'en accepter l'évidence. Pas d'excuse pour le vieux qui « a toujours fait chier », mais une vraie reconstruction d'un destin complexe, un bel hommage aussi à l'autre absente, la mère, et, avec toute la délicatesse de l'humour et la force de l'amour, un grand, grand texte ! Merci, Anne Pauly, et merci aux Editions Verdier aussi, toujours généreuses en merveilles littéraires...
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