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Critique de Meygisan


4 volumes en un sont proposés dans cet intégral, pour nous plonger dans le monde de Roxalane, une jeune femme à la recherche de son unique fils enlevé par des puissances étranges, et en quête de vengeance contre les assassins de son bien aimé. Elle nous entraîne dans un monde étrange, peuplé de créatures démoniaques improbables. C'est un monde médiéval fantastique qui me rappelle l'univers d'Elric de Melniboné. Sans doute parce qu'il est question de voyage à travers d'autres dimensions, sans doute également par le côté improbable et limite incohérent de ce monde. C'est surtout l'aspect psychédélique qui ressort lorsqu'il s'agit de décrire le monde quasiment onrique dans lequel Roxalane se rend pour y affronter le démon responsable du rapt de son fils. La limite entre la réalité ( le monde connu de Roxalane) et le rêve ( le monde démoniaque) reste très ténu, au point qu'on se demande souvent si l'héroïne n'est pas en proie à des hallucinations ou si elle n'est tout simplement pas en train de rêver. Cette délimitation floue entre les mondes est d'ailleurs bien servie par les dessins de Boro Pavlovic, qui représente parfaitement bien le passage de l'un à l'autre par l'entremise de la chair. En effet chair, érotisme et rêve s'entremêle merveilleusement bien pour rendre "réel", ou en tout cas palpable cette autre réalité.
L'érotisme est bien présent et existe au delà de la simple représentation coquine ou voyeuse, et joue un autre rôle, à mes yeux. J'y vois un moyen pour Roxalane d'exister dans ce monde de brutes mâles. Sa féminité est mise en valeur et même en avant, toujours à des fins de surpasser l'homme qui va s'offrir à elle. C'est toujours elle qui décide et qui maître de ses choix. Elle assume complètement le choix de ses partenaires amoureux et leur multiplicité. Elle se laisse par une autre femme, celle là même, la seule de l'histoire d'ailleurs, qui aura un rôle crucial dans la réussite de sa quête. J'y vois l'expression de la féminité dans toute sa splendeur. Symboliquement, Roxalane s'entoure de 4 hommes qui vont la seconder jusqu'à la dernière page, chacun ayant son rôle à jouer, chacun suivant son propre destin. Mais c'est toujours elle qui mène les rênes, même lorsqu'elle semble dépassée, malmenée ou dominée par les représentants de la gente féminine. L'érotisme est là pour nous montrer que Roxalane est prête à tout pour retrouver son fils. Elle utilise toutes les armes à sa disposition, ses charmes et ses jolies courbes constituant les plus efficaces. Elle va même jusqu'à utiliser contre eux les armes des hommes puisqu'elle s'entoure de l'armure de feu son bien aimé ainsi que de son épée, qu'elle manie avec dextérité et une telle efficacité que les hommes en deviennent complètement impuissants. C'est l'occasion pour Pavlovic de nous abreuver de quelques planches bien gores. Mais ce que j'apprécie avant tout dans cette bd, c'est l'histoire simple, le point de départ, certes un peu simpliste, mais qui rend du coup tout le reste intéressant, et permet à l'auteur de donner libre cours à son imagination. Et il a l'intelligence de ne pas tergiverser, de ne pas alourdir le récit, de ne pas s'éterniser sur les potentiels prises conscience psychologiques. Roxalane sait ce qu'elle veut et elle y va. Enfin comme on peut s'y attendre après lecture du premier tome, l'histoire prendra une tournure tragique jusqu'à une révélation finale, laquelle n'est pas si tragique que cela puisqu' attendue plus ou moins.
J'ai aimé cette bd, je m'y suis plongé avec plaisir et j'ai réellement passé un bon moment de lecture. Seul petit défaut: les dessins sont quelque peu approximatifs, même si Pavlovic a su rendre parfaitement l'ambiance du monde infernal, qu'il situe non pas dans une autre dimension mais bien né de nos propres peurs, angoisses et interprétations, et donc bien présent en chacun de nous. D'où le parallèle avec la chair dont je parlais plus haut.
J'aurais aimé également une histoire plus longue de manière à développer cet univers.
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