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Critique de Oliv


Oliv
02 septembre 2016
En bon amateur d'uchronie, cela faisait un moment que j'avais repéré la série "Jour J", qui compte à l'heure actuelle 25 tomes. Et si la majeure partie de ces albums ont, pour moi, le désavantage de revisiter des événements historiques du vingtième siècle (période qui globalement m'intéresse peu), je me suis enfin lancé avec "La nuit des Tuileries", dont l'action se déroule entre 1791 et 1795.

Le postulat de départ est le suivant : lors de l'attaque du palais des Tuileries par les sans-culottes, la famille royale effectue en montgolfière l'équivalent de l'historique "fuite de Varennes" et réussit son coup : la frontière est franchie, tous sont sains et saufs, hormis Louis XVI qui meurt une fois parvenu en Allemagne. Marie-Antoinette assure la régence tandis que la guerre civile ravage la France, Nantes est rasée et Paris assiégée par les armées royalistes... Dans ce contexte, la personne du dauphin âgé de dix ans devient l'enjeu d'une lutte de factions, entre ceux qui veulent le faire couronner pour asseoir définitivement son autorité et ceux qui tentent de le faire disparaître pour prendre sa place. Récemment libéré du bagne, le tout jeune Vidocq va se retrouver pris au milieu de ces intrigues...

On a là une uchronie solide, dans le sens où tous les événements sont fictifs mais historiquement crédibles, de même que les personnages, aisément reconnaissables dans leurs réactions comme dans leur représentation. C'est un plaisir de retrouver Danton et Robespierre, Fouché et Talleyrand, Fersen et Marie-Antoinette, dans des rôles nouveaux mais si proches de ceux qu'ils auraient pu tenir si le cours de l'Histoire avait suivi un autre chemin... Le scénario du trio Duval / Pécau / Blanchard est d'ailleurs bourré de références et de clins d'oeils qui devraient plaire aux connaisseurs de la période : ainsi le "mystérieux général" est recruté par la reine à Constantinople, le personnage historique en question ayant effectivement failli faire carrière dans les armées du sultan Sélim. Pour ce qui est des dessins de Florent Calvez, pour autant que je puisse en juger ils sont de qualité : les grandes figures historiques sont immédiatement identifiables, les villes et les campagnes de la France révolutionnaire bien rendues... Rien à redire !

Écrivant moi-même des nouvelles et des romans uchroniques, je suis toujours confronté à l'interrogation suivante : quel type de public pourrait apprécier une telle lecture ? Ceux qui se passionnent pour la Révolution risquent de ne pas trouver d'intérêt à ce jeu consistant à faire vivre Danton, Robespierre ou Marie-Antoinette en 1795 ; quant aux amateurs d'imaginaire qui ne sont pas spécialistes de la période, ils risquent de passer à côté de pas mal de choses et de ne pas trouver leur compte dans cette uchronie offrant une variation peu spectaculaire de l'Histoire. Ceci dit, pour ma part je me suis régalé, et il est par conséquent fort probable que je poursuive l'aventure avec d'autres titres de la série dont les thèmes m'intéressent tout particulièrement : par exemple celui avec un Christophe Colomb musulman, ou celui où les armées mongoles soumettent l'ensemble de l'Europe médiévale...
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