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Critique de Lucile


Mouais. Bof. Triple-bof (oui, tout à fait, sans même passer par le double-bof).
La couverture noire de la collection « Policier » chez Points me laissait imaginer autre chose. Quelque chose de plus… heu… policier ?

Bon reprenons depuis le début. Lisons la quatrième de couv' qui, finalement, donne une bonne idée de ce qu'on va trouver dans Drama City.

« À presque quarante ans, Lorenzo Brown sort enfin de prison. Bien décidé à se tenir à carreau, il s'investit corps et âme dans une association de défense des animaux maltraités. Mais dans les quartiers les plus miséreux de Washington D.C., le pouvoir reste entre les mains des patrons de la drogue. Et voici Brown à nouveau embringué dans le cycle infernal de la violence… »

Il manque là-dedans la mention du second personnage principal de ce livre, Rachel Lopez, une sorte d'assistante sociale chargée de suivre la réinsertion d'anciens détenus dans la vie active. Elle leur rend visite régulièrement pour vérifier qu'ils ont bien décroché de la drogue (ou pas), cherchent du boulot (ou pas), etc… Il s'agit d'une latina avec une double-vie censée être mystérieuse ( !).
Bon, supposons effectivement qu'il ait été fait mention de Rachel Lopez en quatrième de couv', et bien on s'y retrouve à peu près… Pendant au moins la première moitié du livre il ne se passe rien du tout du « cycle infernal de la violence » promis (non que j'aime tellement la violence, mais bon, un chouïa d'action, quand même…). On a plutôt droit à une sorte de reportage sur le quotidien d'une assistante sociale en charge d'anciens détenus, celui d'un employé de la Humane Society (qui s'assure du bien-être des animaux de compagnie), le fonctionnement du milieu de la drogue à Washington… Et même une fois que l'action est déclenchée, je dois avouer que j'ai été plutôt déçue, étant donné qu'on ne trouve rien de l'ordre du policier ou de l'enquête dans l'histoire. Zéro suspense non plus, donc on ne peut pas parler de thriller.

Que dire des personnages ?
Lorenzo n'est pas trop mal réussi à mon avis, bien que peut-être un peu idéalisé : ce bad boy black qui, après 8 ans de prison, revient dans le droit chemin est un peu trop beau pour être vrai mais bon, mettons. Il a fait « des erreurs » ( !) mais ne les refera pas, il ne renie pas son passé mais regarde vers l'avenir… Un bel exemple de réinsertion, quoi.
J'ai trouvé que Rachel était un peu effleurée par moment : si j'ai bien compris, ce personnage est censé avoir une psychologie complexe et j'ai trouvé que l'écriture n'en rendait pas bien compte, car elle cherche à nous faire déduire des actes de Rachel ce qui se passe dans sa tête alors que c'est loin d'être parlant.
Et juste un mot sur les « patrons de la drogue » : bon, certes je n'y connais rien. Mais le peu que j'ai vu dans des films me fait dire que ces caïds-là (il y en a 2, chefs de 2 « clans » pas franchement rivaux, mais clans tout de même) ne sont pas très crédibles. Leur comportement de pères de famille soucieux de leurs petits gars alors qu'ils ont au max 40 ans m'a paru des plus improbables. A la limite, ils auraient été à la tête d'une énorme mafia, pourquoi pas ; mais là, avec leur répartition des carrefours d'un quartier pour la vente de drogue, je n'imagine pas de tels discours paternalistes et « bon gars », à la « bah, que voulez-vous, faut bien vivre comme on peut, ma brave dame ! ». Peut-être que c'est une fausse idée que je me fais de ce milieu, toujours est-il que ça m'a paru peu crédible.

Enfin juste un mot sur quelque chose que j'ai relevé plusieurs fois dans la forme : il y a parfois un gros décalage dans les niveaux de langage au sein-même de la narration. le passage du livre où c'est le plus flagrant est la seule scène de sexe du livre, où le langage devient particulièrement grossier alors que cela n'est pas justifié du tout. Je ne sais pas si le texte en version originale comportait ces décalages ou si c'est un souci de traduction, mais je l'ai remarqué à plusieurs endroits.

En conclusion, je dirai donc que ce fut une déception. Dommage !
Merci à Babelio pour m'avoir permis de le lire tout de même !

Un petit extrait qui vous explique le titre du livre, à base de jeu de mots sur le D.C. de « Washington D.C. »… Il s'agit d'un dialogue entre Nigel Johnson (qui parle en premier), le chef de la bande dont a fait partie Lorenzo avant de faire de la prison, et Lorenzo. L'explication est du traducteur.

p. 278

« (…)Tu te rappelles l'époque où Washington avait été rebaptisée Dodge City1 ?
- C'était un coup des journalistes. Ceux qui ont la trouille de venir dans les quartiers sur lesquels ils pondent des articles.
- Les gens ordinaires ne supportaient pas qu'on appelle leur ville comme ça.
- Ils avaient raison. Il aurait mieux valu l'appeler Drama City.
- Un peu comme les deux visages suspendus au-dessus de la scène dans certains théâtres, celui qui sourit et celui qui pleure…
- Cette ville a plus que deux visages.
- En tous cas, maintenant, toi, t'es du bon côté. Celui des gens qui se lèvent pour aller bosser. de ceux qui lavent leurs voitures dans la rue, s'occupent de leurs jardins et regardent grandir leurs enfants.
- Peut-être. »

1 : Allusion à un album hip-hop de Go Go Posse sorti en 1988, et qui s'intitulait DC don't stand for Dodge City, soit « DC [Washington DC], ça n'a rien à voir avec Dodge City » (ville légendaire du Far West, livrée jadis aux bandits et à la violence aveugle).
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