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Critique de Arthemyce


« Les émotions du dérèglement climatique » ne parle pas d'éco-anxiété, comme on serait tenté de le croire étant donné la démocratisation du concept ces dernières années, mais plutôt des troubles psychiques causés par les conséquences du changement climatique chez les personnes en ayant subi les impacts.

Le premier chapitre aborde « Les effets du dérèglement climatique » en parlant des vagues de chaleurs et des catastrophes naturelles avant d'évoquer le syndrome de stress post-traumatique. Mais les effets sur la santé du changement climatique ne s'arrête pas là, c'est pourquoi le second chapitre traite « Les effets indirects », notamment les maladies infectieuses, le manque d'eau et de nourriture ou encore les troubles économiques. Un troisième chapitre de constat traite quant à lui des diverses pollutions – notamment concentrées dans les zones urbaines – qu'elles soient physiques (atmosphérique, métaux lourds…), sonores ou lumineuses, et qui ont toute un impact délétères sur notre santé physique et mentale.
Après l'état des lieux, se pose la question des « freins psychologiques à la prise de conscience et à l‘action ». Un chapitre d'une quinzaine de pages résume les principaux biais cognitifs et présente la notion de déni, où les auteurs se permettent d'affirmer que « la science n'est pas un débat d'opinion » en réponse au climato-scepticisme et ses « prises de position sans aucun fondement ». Si la problématique est éminemment politique, « il n'est plus question de discuter des faits mais des réponses que l'on va leur opposer ».
Sont ensuite abordés, dans le cinquième chapitre, les « Typologies des souffrances écologiques », dans lesquelles on trouve : le deuil écologique, la solastalgie, l'éco-anxiété (évidemment, on en parle) ou encore les « Ginks », accronyme pour « Green Inclination, No Kids », autrement dit : les personnes qui pour des raisons écologiques ne souhaitent pas avoir d'enfant. Chaque notions est exposée, en dépit de frontières parfois ténues, avec ses définitions, sont histoire, ce qui permet de dresser un portrait général des affections psychologiques qui entourent les changements environnementaux.
Il apparait nécessaire d'apprendre à « Vivre avec des souffrances nouvelles », ce qui est l'objet d'un cours chapitre de transition avant d'aborder quelques pistes de soulagement dans les chapitres suivants, « Retour à la nature » et « La gratitude comme facteur de résilience ». le premier de ces deux chapitres focalise sur la distance – ou plutôt le rapprochement – avec l'environnement naturel et les bienfaits qui l'accompagnent. Qu'il s'agisse des couleurs, des odeurs, des formes, de nombreuses études ont permis de mettre en avant que nous avons besoin « de nature » car nous y sommes profondément attachées par notre histoire humaine.
Les derniers chapitres apportent quant à eux des perspectives pour soulager la lourdeur des émotions suscités par les enjeux climatiques et environnementaux dans leur globalité. Notamment, le chapitre « Des stratégies pour faire face au stress » proposent quelques recommandations d'hygiène de vie (activité physique, relaxation, sommeil, alimentation, thérapie…) et donne les clés pour répondre à la question : « Vers quel praticien se tourner ? ».
« Adapter son mode de vie et renouer avec l'action » est l'avant dernier chapitre de ce livre. Il met en avant certains travaux analysant les mécanismes de la dépression et notamment « l'impuissance acquise […] fruit d'un apprentissage » qui provoque « une attitude passive et résignée ». En réponse, les auteurs invitent à « revenir à l'ici et maintenant », à se demander comment agir soi-même, à son échelle, car toute implication engendre un bénéfice psychologique en diminuant les dissonances cognitives induites par le grand écart entre les idéaux et la réalité. Si les auteurs recommandent la voie de l'action (sur soi-même et son environnement), ils n'oublient pas de mentionner la nécessité de trouver « le juste milieu » pour agir « mais sans s'abîmer ».
Finalement, c'est « Un nouveau rapport au monde » qui s'offre à nous, car les changements dans nos modes de vies conditionnent en retour notre façon d'appréhender la vie et ce qui nous entoure. L'accent est mis sur les bienfaits de la solidarité (notamment sur le plan psychique) et de l'intelligence collective et les auteurs en profitent pour ouvrir les horizons quant à notre appréhension du monde.

Malgré une approche de prime abord centrée sur les aspects émotionnels du dérèglement climatique, ce petit livre d'environ 200 réussit à tisser du liens entre de nombreuses problématiques qui débordent largement sur les enjeux environnementaux dans leur globalité, ce qui est d'ailleurs très appréciable. Il n'existe pas, à ma connaissance, d'ouvrage sur de tels sujets observés à partir des influences psychologiques qu'ils ont sur nous. C'est à la fois l'occasion de découvrir un large panel de travaux scientifiques méconnus tout en favorisant de nouvelles perspectives de réflexion, appuyée par une invitation à l'action.

La principale qualité de l'ouvrage étant son approche, il plaira surtout aux lecteurs ayant déjà un certain recul sur les enjeux environnementaux. Il reste néanmoins très accessible à n'importe quel curieux.
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