Le retour d'Arthur B

Indécis après une première lecture, j'ai décidé de revenir au texte une nouvelle fois car quelque chose m'y avait interpellé (l'histoire/le style sont assez agréables, ce n'était pas une gageure). Ce sentiment vague s'est alors dissipé rapidement pour laisser place à une certitude : ce roman est plus profond et plus ambitieux qu'il ne le laisse croire (volontairement?) à des yeux distraits. le texte fourmille de trouvailles, de métaphores, de vers blancs (mes préférés étant ces innombrables alexandrins accessibles uniquement par des diérèses et qui sont donc cachés là, presque invisibles, sans que rien sinon de la curiosité et un peu de patience, ne dénonce leur présence) qui, dispersés sur chaque page, les illuminent de l'intérieur sans pourtant qu'aucune velléité de dégager du style ne se fasse jamais sentir, avec simplicité et bienveillance.
Simplicité et bienveillance; armé de ces deux mots, l'auteur nous fait traverser une histoire originale et touchante en nous collant aux basques d'un personnage au départ détestable avant de réussir le tour de force de nous le rendre attachant au point de ne plus vouloir refermer le livre et de regretter peut-être (mais est-ce une critique objective?) qu'il n'y ait pas une centaine de pages supplémentaires.
Le retour d'Arthur B. est une aventure humaine et poétique, sur les traces du monde perdu des rêves de l'adolescence, du domaine mystérieux d'Alain Fournier, de "toutes ces belles illusions bouillonnantes et colorées qui pullulent toujours à l'intérieur des crânes adolescents". Quelle mélancolie et quel bonheur de découvrir qu'il existe parmi nous un coeur humain qui palpite et qui bat encore.