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Critique de Pecosa


Il ne faut jamais dire Fontaine, j'ai lu le dernier volume de Falcó , surtout pour savoir comment se terminait l'histoire « d'amour » entre le plus détestable des espions et la plus glaciale des agents soviétiques, trompée par la couverture du roman.
En effet, Eva est absente de Sabotaje, dont l'action se déroule à Paris en 1937 où le tueur sans état d'âme doit mener à bien deux missions: discréditer André Malraux (et lui faire quitter le devant de la scène, si possible, les pieds devant) et empêcher Picasso de peindre Guernica qui doit être exposé au pavillon espagnol de l'Exposition Internationale de Paris.

Sabotaje est le volume que j'ai le plus apprécié (plutôt le moins détesté), pour l'incursion dans le Paris d'avant-guerre, et pour le petit jeu auquel le lecteur peut s'adonner, « devine qui se cache derrière les personnages », à savoir Malraux, Hemingway, Lee Miller, Peggy Guggenheim …
J'ai bien aimé la petite mosaïque des différents services de renseignements et des courants politiques qui tissent leur toile dans la capitale et la trouvaille (ironique) de Pérez-Reverte de faire de la Bolchévique amoureuse de Manuel Chaves Nogales une clé pour que Falcó puisse décoder des messages.

Sinon, ce que j'avais détesté dans les deux premiers volumes est toujours présent, les scènes de sexe ou de séduction ratées, avec un personnage qui doit posséder un joujou extra qui fait crac boum hu, car les filles tombent à ses genoux (plan à trois et bécotage de Marlene Dietrich dans les toilettes inclus), et dans lesquelles on peut lire une phrase qui restera dans les annales. Lorsque Falcó retrouve l'une de ses maîtresses, sublime évidemment et avec laquelle tous les hommes (et les femmes) ont envie de coucher, cette dernière, folle de son incroyable physique, lui déclare « Eres el único hombre cuyo semen soy capaz de tragar -murmuró. »
La classe.
Falcó reste donc cet homme pétri d'orgueil de classe pour lequel les Républicains ne sont que des analphabètes sanguinaires, et les intellectuels des tire-au-cul bouffis d'orgueil. On lit quand même dans le roman que quelqu'un trouve enfin grâce à ses yeux, et c'est l'acteur Jean Gabin. Parce qu'idéologiquement, on a bien compris qu'il ne travaille que pour son compte, qu'il critique tous les courants politiques (dans le roman Andrès Nin est un trotskyste...), et qu'il n'y a qu'au lit qu'il se montre moins bégueule, faisant don de son piège d'amour à des femmes de toutes origines et religions, ici une mécène juive et une chanteuse noire.
Arturo Pérez-Reverte voulait créer un personnage détestable, le contrat est pleinement rempli, mais la distance instaurée est telle que j'ai suivi les aventures de l'espion avec beaucoup de détachement, et même une grande envie que ça se termine. Le romancier est bien plus efficace dans l'écriture des scènes d'action que dans l'écriture des scènes d'amour et de sexe, qui gâchent vraiment l'ensemble.

Ne reste plus qu'à relire la correspondance du grand Max Aub (qui apparaît au détour d'une petite phrase laconique, « Según informes fidedignos, el agrégado cultural de la embajada de España, un tal Aub, habría pagado ya a Picasso 150.000 francos por el encargo. ») pour comprendre les liens réels entre Malraux et la République espagnole, les modalités de la commande de Guernica par le gouvernement espagnol et les motivations de Picasso.
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