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Critique de Flaubauski


Quand nous rencontrons la narratrice, elle est dans le fossé. Comment ? Pourquoi ? C'est ce que nous découvrirons dans ce qu'elle nous raconte ensuite, revenant sur les mésaventures qui l'ont menée là, alors qu'elle se rendait simplement à l'enterrement de la tante Stana pour représenter la famille, en remplacement de sa mère, brouillée avec sa soeur, et qui ne veut surtout pas la croiser.

De cette narratrice, nous ne connaîtrons que peu de choses personnelles, sinon qu'elle vivote depuis la fin de la guerre en Yougoslavie, dans sa Bosnie natale, toujours chez sa mère, bousculée par elle pour qu'elle se secoue un peu les puces, plutôt en vain... Alors cette obligation familiale ne la rend pas jouasse, les conditions dans lesquelles elle va se produire non plus, et encore, elle n'en connaît pas les conséquences !

A travers cette narratrice, paradoxalement rapprochée de nous par l'utilisation de la première personne, mais en même temps universalisée par le flou entretenu autour de son individualité, qui en fait d'elle comme une jeune bosniaque type, nous est décrite sans fard la Bosnie après guerre, dans ses non-dits, qui transpirent dans chaque geste, chaque parole, dans sa culture, qu'elle tente de conserver, dans son désir de recommencer à avancer, malgré les aléas de la vie et d'une société corrompue, qui prennent d'ailleurs un tour tragi-comique au fil du récit.

Car ce roman nous décrit en fait la Bosnie par l'intermédiaire d'un ton pince-sans-rire, très mordant, qui fait preuve de beaucoup de dérision, un ton que j'ai déjà pu lire chez nombre d'auteur.e.s des Balkans, comme si cela faisait, finalement, partie de leur vision du monde, du moins de la façon dont elles ou ils souhaitent transmettre leur vision du monde et de ce qui les entoure. Ainsi, le grotesque prend vite le pas sur le sérieux, le picaresque sur le récit d'apprentissage, la vie déjantée sur la mort burlesque, la gaieté et la fraîcheur sur la solennité attendue, finalement très rapidement déjouée, avec brio, par l'autrice.

Une excellente découverte, comme souvent avec les éditions Zulma, que je remercie de m'avoir permis de lire ce premier roman de Sladjana Nina Perkovic, en lien avec une Masse Critique Babelio.
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