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Critique de sarahauger


Dans cette nouvelle, les phrases s'enchaînent à un rythme soutenu, les paragraphes sont tassés et les chapitres courts. On sent l'urgence au milieu des lignes comme si le narrateur avait peur de manquer d'air pour pouvoir tout nous dire, tout nous expliquer. Il faut faire vite avant de ne plus en avoir la capacité.
On comprend instantanément l'importance du jour à venir.

Que ferais-je de ma journée si je savais que ce devait être la dernière ?
Ici, la situation se montre rapidement plus compliquée que cela. Il va être question d'une dernière journée, mais pas n'importe laquelle ni pour n'importe qui.
On a dans un premier temps la sensation que c'est une décision mûrement réfléchie, mais, petit à petit, on comprend que rien n'est aussi simple qu'il n'y paraît au premier abord.

Se réveiller tous les matins avec l'envie de mourir doit être un sentiment terrible. Comment faire face ?
Tout stopper n'est pas une décision facile à prendre. Et même quand elle est prise, tout ne dépend pas forcément de nous non plus.
« Pourquoi moi !» voilà bien une question à laquelle il semble difficile de répondre au moment où elle est posée dans le livre. Pourtant, plus les pages se tournent et plus une ébauche de réponse se profile.
Même si l'on finit par connaître le pourquoi du comment, impossible de juger personne tant la situation qui en résulte est douloureuse.

Que souhaiter d'autre que mourir quand on se trouve dans une impasse ?
Face à un mur qui semble infranchissable, devant des problèmes insurmontables, une situation insoluble, il devient bien difficile de voir les bons côtés.
Il est des moments ou la possibilité de passer à autre chose n'existe plus. Nul retour en arrière n'est envisageable. Il ne semble plus y avoir aucun espoir, alors à quoi bon insister ?
Où trouver la lueur nécessaire pour avancer un jour de plus, puis un autre ? Et dans quel but ?
Quand même vos proches ne vous sont d'aucun secours, et pour cause, il ne reste plus rien à quoi se raccrocher.

Quel paradoxe que de vouloir mourir tout en gardant en soi la flamme improbable de l'espoir !
Quel dur mélange que celui de l'amour qui se mêle à la culpabilité et à l'envie d'en finir !
Le tout en se disant que, peut-être, une autre solution se présentera, mais avec la conscience que ce n'est qu'illusion et qu'il vaut mieux en finir maintenant.
« Car la vie, elle est comme ça, elle ne laisse jamais de chance à l'espoir. »

Comme à son habitude, Tony nous emmène dans la tête, dans les pensées les plus intimes de son personnage anonyme.
Qui est-il ? Un inconnu ? Un proche ? Moi-même ? On peut tout imaginer alors que le texte jongle entre le je et le tu pour se terminer en ils. En toile de fond, elle est toujours là, bien présente qui attend son tour.
L'écriture est une nouvelle fois toute en sensibilité et d'une grande fluidité. Elle nous fait entrer avec une facilité déconcertante dans la mélancolie du narrateur avec une grande pudeur et beaucoup d'émotions.

Ce texte est à la fois triste et beau.
Un vrai cri d'amour, un vrai geste d'amour.
Quand il n'y a rien d'autre à faire, rien d'autre à espérer, il faut accepter de laisser partir quelqu'un qu'on aime même si ça fait mal.
Mais en sommes-nous tous capables ?
Cette histoire m'a inévitablement fait penser à un fait divers qui occupe les journaux régulièrement et qui déchaîne les passions. Mais qui détient la bonne réponse ?
Chacun son chemin, chacun sa vision des choses. Quoi qu'il en soit, la situation est difficile pour tous. le résultat est le même, la souffrance n'épargne personne.
Aimer, oui, tenir à quelqu'un c'est évident, mais le retenir à tout prix, envers et contre tout, contre lui-même, contre sa propre décision ? En a-t-on vraiment le droit ? Chaque humain n'a-t-il pas le droit d'être maitre de son destin ?

Le texte est court, les questions se bousculent quand même et vont bien au-delà du thème du suicide.
Je pense qu'on pourrait parler longtemps de ce sujet sans réussir à obtenir un compromis, car il touche à l'affect et, là, chacun avec sa propre sensibilité aura sa réponse toute personnelle.
Aujourd'hui, je serai bien incapable d'être certaine de la mienne.
Alors dans le doute, ne jugeons pas celle des autres.


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