Incognito

Mon corps te parle

Mon coeur en fleur
Ma tête dans les nuages
Mes yeux dans l'eau
Mes hormones en feu
Ma peau qui frissonne
Ma langue dans ta bouche
Mes mains dans tes cheveux
Te disent que je t'aime

(p.18 "Perreau et la Plume")

Il dit ceci , en conclusions de tous les remerciements qu'il fait en préface dans son livre "Perreau et la Plume" :

Toi qui me lis à la gare, au lit ou aux chiottes,
bonne lecture ! Moi, je ronronne .....

La pensée de Foucault délivre de la servitude de l'identité, de l'ordre du discours. Il identifie, dans l"espace littéraire, ce point où l'être anonyme peut se loger. Sa leçon inaugurale au Collège de France de 1970 commence par ces quelques phrases magnifiques :
"Dans le discours qu'aujourd'hui je dois tenir, et dans ceux qu'il me faudra tenir ici, pendant des années peut-être , j'aurais voulu pouvoir me glisser subrepticement. Plutôt que de prendre la parole, j'aurais voulu être enveloppé par elle, et porté bien au-delà de tout commencement possible. J'aurais aimé m'apercevoir qu'au moment de parler une voix sans nom précédait depuis longtemps : il m'aurait suffit d'enchaîner, de poursuivre la phrase, de me loger, sans qu'on y prenne garde, dans ses interstices, comme si elle m'avait fait signe en se tenant un instant en suspens. De commencement, il n'y en aurait donc pas; et au lieu d'être celui dont vient le discours je serais plutôt, au hasard de son déroulement, une mince lacune, le point de disparition possible.

Los Angeles, été 2013. Une faune branchée danse, bavarde, boit des mojitos autour de la piscine de l'hôtel Roosevelt. Personne en sait que juste à côté, tranquillement installés à une table se trouvent deux des musiciens les plus célèbres de la planète, Guy Manuel de Honem-Christo et Thomas Bangalter discutent avec des mais. Si les Daft Punk étaient arrivés avec ces masques de robots (...) nul doute qu'ils auraient provoqué une hystérie collective.

L'histoire de la littérature s'est surtout écrite au masculin, les femmes ayant souvent dû recourir à des noms d'homme pour être éditées, aujourd'hui encore. Dernier exemple en date, J.K Rowling s'expliquait sur récemment sur les initiales pseudonymiques. Après avoir envoyé son manuscrit sous son vrai nom, Joanne Rowling, et essuyé plusieurs refus, elle eut l'idée de se réinventer en "JK", et renvoya le même livre sous ce nom d'homme. Dès lors, les réponses enthousiastes se mirent à pleuvoir.

"Je n'ai aucun intérêt à sortir de l'anonymat. Si tu demandes à de nombreux jeunes aujourd'hui ce qu'ils veulent faire quand ils seront plus grands, beaucoup te répondent : "Je veux être connu". Et si tu leur demandes pour quelle raison, ils ne savent pas, ou ils s'en foutent. Je pense qu'Andy Warhol s'est planté : dans le futur, il y aura tellement de gens célèbres, qu'un jour tout le monde finira par avoir son quart d'heure d'anonymat. Mon objectif, c'est que mes créations aient de la gueule; pas que moi, j'ai de la gueule. Je ne m'intéresse pas à la mode. Mes créations paraissent toujours plus jolies que moi si tu nous mets côte à côte. En plus, il y a fort à parier qu'une fois le masque tombé, la réalité soi5r une sacrée déception pour certains ados.
Il faut du cran pour rester anonyme dans une démocratie occidentale et réclamer des choses auxquelles personne ne croit- comme la paix, la justice et la liberté."
Bansky, entretien avec Shepard Fairey

L'art de demain sera clandestin.

Marcel Duchamp

L'histoire de la littérature s'est surtout écrite au masculin, les femmes ayant souvent du recourir à des noms d'homme pour être éditées, aujourd'hui encore. Dernier exemple en date, J.K. Rowling s'expliquait récemment sur ses initiales pseudonymiques. Après avoir envoyé son manuscrit sous son vrai nom, Joanne Rowling, et essuyé plusieurs refus, elle eut l'idée de se réinventer en "JK", et renvoya le même livre sous ce nom d'homme. Des lors, les réponses enthousiastes se mirent à pleuvoir.

Le mot "anonyme" n'est entré que très récemment dans l'Encyclopedia Universalis. Le terme reste entaché d'un à priori péjoratif- "Anonymat : qualité de ce qui est sans nom ou sans renommee", selon le Larousse. On l'associe à une certaine forme de lâcheté, à la délation, au fait de ne pas assumer ses actes ou ses paroles. On en fait une question morale, on parle des "dérives de l'anonymat", certains vont jusqu'à proposer de l'interdire sur le Net. Des discours aussi absurdes que ceux sur les "méfaits de la technologie", l'anonymat étant, en fait, une pratique dont l'usage et le contexte dans lequel il est utilisé déterminent la qualité. Poison et antidote à la fois. Dangereux quand il permet à des sympathisants de Daech de communiquer entre eux. Précieux quand il donne aux opposants de ces mêmes terroristes, en Syrie, des moyens d'agir incognito. L'anonymat a entre autres, dans des cas très précis, une utilité légale ou morale : société anonyme, donateurs anonymes de sperme, mécènes soutenant organisations caritatives ou lieux d'art de façon anonyme, par pudeur ou discrétion.
Mal comprises, peu théorisées, les pratiques de l'anonymat et du pseudonyme sont au coeur des bouleversements de nos sociétés.

L'anonymat, enfin, permet de dépasser les perceptions que les autres ont de nous - cette identité sociale qui nous définit, et trop souvent, nous limite.