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Critique de Melpomene125


Comment survivent les familles à l'arrière d'un conflit ?

Telle est la trame des Anges des ténèbres, troisième tome d'une série de cinq romans sur la Première Guerre mondiale. Chaque tome est consacré à une année de cette horrible boucherie qui ensanglanta toute l'Europe de 1914 à 1918 et changea le regard porté sur la guerre. Elle ne fut plus perçue comme une noble prouesse héroïque mais davantage comme ce qu'elle était en réalité : un carnage qui a anéanti toute une génération de jeunes hommes. Naquit ainsi l'idée pacifiste qui se développa jusqu'à ce que la Seconde Guerre mondiale n'y mette à nouveau un terme et qui continue, de nos jours, d'inspirer les acteurs de la construction européenne.

Les Anges des ténèbres se déroule en 1916. Joseph Reavley a été blessé et est rapatrié en Angleterre où il entame sa convalescence chez sa soeur Hannah, à Saint Giles, un petit village, dans la maison de leurs défunts parents. John et Alys Reavley ont été tués à cause du Pacificateur, un homme à l'identité mystérieuse, prêt à commanditer des meurtres pour arrêter la guerre.

J'ai retrouvé avec plaisir les frères Reavley, Joseph et Matthew qui travaille dans les services secrets et cherche qui est le responsable de la mort de ses parents. La piste des nationalistes irlandais serait-elle la bonne ?

Ce tome évoque la situation douloureuse des familles à l'arrière à travers le personnage d'Hannah, dont le mari Archie est au front. Rentrera-t-il vivant, le reverra-t-elle un jour et dans quel état ? Parviendra-t-elle à lui parler, à trouver les bons mots, combler le fossé qui s'est creusé entre eux ? Archie ne souhaite pas lui raconter son quotidien, de peur de l'effrayer. Joseph a été blessé mais n'a pas subi de trop graves mutilations. Il reprend son métier de pasteur et essaie de réconforter ceux qui n'ont pas eu cette chance. Que dire pour soulager une pareille détresse ? Certaines mutilations sont si effrayantes qu'elles laissent sans voix. le collègue de Joseph, Hallam Ker, ne sait que dire, il est complètement dépassé et a perdu la foi. Il compte sur Joseph pour prendre le relais. Toujours aussi charismatique, ce dernier sait redonner confiance. Finira-t-il par retourner au front pour aider ceux qui y sont restés et ne sont pas encore morts ?

La guerre se joue aussi et surtout, en ce début de siècle, sur le terrain scientifique. Les scientifiques cherchent une technique qui permettra à la torpille de toucher sa cible à chaque fois. le camp qui possédera cette technique sera victorieux et arrêtera la guerre. Voilà pourquoi le Pacificateur a placé un espion à l'Institut scientifique dirigé par Shanley Corcoran, un ami du père de Joseph. Lorsque Theo Blaine, un jeune chercheur talentueux, est assassiné, c'est la panique. Qui peut bien être responsable de cette trahison ? Cela ne peut être qu'un proche. Tout le monde devient suspect et les repères sont bouleversés.

Ce tome montre bien les rivalités entre chercheurs, tous désireux de rentrer dans l'Histoire et marquer d'une manière décisive leur époque. J'ai trouvé la révélation finale à la fois émouvante et cruelle, elle obligera l'un des personnages à faire un choix douloureux mais crucial.

À travers le personnage d'Hannah, Anne Perry rend un vibrant hommage à nos aïeules et au rôle majeur qu'elles ont joué en remplaçant avec brio les hommes aux champs, à la banque, dans tous les domaines qu'ils occupaient avant la guerre. Ce rôle leur a d'ailleurs permis d'obtenir le droit de vote, sauf en France, où les femmes ont dû attendre la fin de la Seconde Guerre mondiale pour avoir ce droit civique. Les Britanniques étaient apparemment plus progressistes que les Français…

Les Anges des ténèbres est davantage un roman historique que policier et, cent ans après la Première Guerre mondiale, sa lecture offre un regard nouveau sur ce sanglant conflit. J'ai regretté que la bataille de Verdun ne soit pas davantage évoquée mais les événements sont relatés du point de vue britannique et non français.

Le personnage de Judith, soeur d'Hannah, est peu présent. Son traumatisme face aux horreurs de Verdun est marquant. de nombreux sujets sont ainsi survolés dont les manoeuvres des services d'espionnage et de contre-espionnage ou la révolution qui semble se préparer en Russie pendant que Lénine se cache en Suisse. Richard Mason, journaliste pacifiste, reçoit pour mission du Pacificateur de retrouver Trotski et de le tuer s'il envisage de poursuivre la guerre lorsque la révolution russe aura eu lieu. Tous ces thèmes, que je trouve passionnants et qui me donnent envie de poursuivre ma lecture, seront probablement évoqués dans le quatrième tome consacré à l'année 1917, année charnière et révolutionnaire. Il me tarde de connaître enfin l'identité de ce mystérieux
« Pacificateur »…
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