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Critique de chocobogirl


Martin Léglise a 40 ans. Il a raté sa vie. Mais il a décidé de se rattraper en accomplissant quelque chose de bien. Il va adopter un enfant et tenter d'en faire un être exceptionnel. Il veut devenir le père parfait d'un enfant parfait.

Il se procure un enfant de 9 mois de manière illégale et se lance dans l'éducation de Junior. Mois après mois, année après année, on découvre la mise en place de ce processus extrêmement bien réfléchi de son développement. Tout est organisé en fonction d'une réussite future.
Le lit est placé à distance du bureau pour qu'il puisse dissocier repos et travail. Il est inscrit dans une école d'un quartier difficile pour qu'il soit autonome et ait moins de mal à se défendre. Etc… Tout est calculé, rien n'est laissé au hasard.
Et c'est là que le malaise prend peu à peu place.
Père fabriqué, le personnage organise totalement sa vie autour de son fils. Il arrête de travailler pour qu'il fasse « partie des fondamentaux » de son fils. Il lui enseigne lui-même la maternelle et se met la pression car « rien ne doit être laissé au hasard ». Il met un micro dans le sac de son fils lorsque celui-ci a l'âge d'aller à l'école. IL le manipule lorsqu'il semble s'intéresser d'un peu trop près aux arts plastiques pour le dégoûter de cette discipline.
Pour autant, le petit Junior se développe bien. Enfant sage et plutôt souple, il accepte sans discuter ce que lui impose son père. Il semble appelé à la grande réussite souhaitée par son père. Mais jusqu'à quand ?

L'histoire est effrayante, sans aucun doute. Plus la narration progresse, plus le comportement de ce père semble complètement vampirisant. C'est un vulgaire loser qui, pour se rattraper, projette sa propre vie dans celle de son fils. Chaque moment important dans la vie de Junior semble prévu et l'étape d'un ambitieux parcours qui le mènera à la réussite totale. Martin Léglise, lui, vit la vie de son fils. Il vit par procuration en surveillant le moindre geste de Junior. Il ne sort pas, n'a pas de relations amoureuses ou amicales. le travail qu'il reprendra sert juste à renflouer les caisses et a été pris en fonction des horaires d'école de son fils.
Ce qui marque également dans cette histoire, c'est l'absence d'affect, d'émotions. le père fait tout pour que son fils grandisse bien, à la perfection mais la notion d'amour, de tendresse semble complètement absent. Ou du moins non spontané. Car tout est toujours organisé vers le but ultime de la réussite.

Mais l'image que le père se fait de la réussite est complètement biaisé. le fin de l'album le prouve bien. Complètement inattendue, elle laisse véritablement chaos.
Spectateur silencieux de cette éducation à la dérive, on ne peut que se rebeller devant ce père qui mélange sa propre vie à celle de son fils. L'histoire est édifiante et rappelle que le fantasme de la perfection est vain.

Bluffée par cette histoire, je dois néanmoins avouer que j'ai été moins sensible à son graphisme. J. Personne utilise un style très froid qui donne à voir des personnages un peu « Légo » aux têtes carrés. Bien que ceci rende bien l'aspect mécanique et marionnettes des personnages, les autres éléments du dessin ne m'ont pas enthousiasmés outre mesure (les décors épurés, une mise en couleurs pas très remarquable).
Néanmoins, malgré ce bémol, je vous encourage à découvrir cet album qui pose la question particulièrement intéressante de l'éducation, de la réussite et d'une certaine façon du bonheur. le bonheur est-il dans la réussite ou la réussite est-elle dans le bonheur ?
Lien : http://grenieralivres.fr/201..
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