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Critique de LoupAlunettes


Cela fait 1O minutes qu'ils marchent et le héros prend le temps de nous décrire succinctement ce qui est à sa portée de vue après quelques klaxons.

Un bas côté bordé d'une barrière de sécurité métallique, des mouches envahissant une charogne, un défilé de canettes et de papiers gras...



Tony avait un peu pleuré avant le starting-block partant du parc, très à l'opposé du collège.

"Tony sait que-si il le veut- il peut me confier ses soucis.

Ce n'est pas moi qui vais tenter de le faire parler. D'ailleurs, je n'y arriverais pas.

On ne force pas ses amis à révéler ce qu'ils souhaitent taire. S'ils ont envie de raconter, alors on se rend disponible et on écoute".

Ce simple passage est éloquent de l'amitié qui unit ses deux -là, une vraie sincérité.



On pourrait s'en fiche royalement, ils font l'école buissonnière et bien qu'ils la fassent, ces garnements.

Sous l'écriture de Eric Pessan, on a pas très envie de leur tourner le dos, on a envie d'écouter Antoine qui parle de lui, de Tony, on tourne les pages et on s'intéresse.



Antoine et Tony prennent la tangente vers un point d'arrivée imaginaire, ils courent et ne s'arrêtent plus.

Il y a l'excitation de se dépasser, l'un l'autre, comme ils ont l'habitude de le faire dans la joyeuse compétition, de dépasser les contours de leur petite vie aussi à priori.



On nous remet une marque du temps significative pendant la lecture et non dénuée de conséquences pour ces élèves de 13 ans, chaque cours manqué, demi-heure par demi-heure, rendant la fugue bien concrète, le jeu moins ludique.



Antoine ne cesse de nous confier cette drôle d'escapade qui l'a marqué, elle est passée, mais nous y sommes revenu avec l'envie du souvenir, comme munis d'une carte dont chaque repère décrit par Antoine serait marqué d'une épingle.

Certains points ouvrent des boites de souvenirs, des temps vécus par l'un ou par l'autre.

Il y a de la satisfaction, un peu de joie, des regrets, de l'inquiétude tue.


Le temps est clairement important pour maintenir installé le lecteur, l'auteur décrit les sensations physiques de la course, l'énergie déployée, le souffle, la ventoline de Antoine...

Plus les description de décors sont précises, plus le temps se pose, ils marchent de temps en temps.

Car il le faut.


Tony porte sa tristesse, comme dit par Antoine, et ce dernier a une drôle de colère sous le bras.

Un point d'intrigue à découvrir évidement.



Les ados volent de quoi se remplir l'estomac dans un magasin.

Qu'est-ce qui a bien pu leur passer par la tête?

Les jeunes parlent de mots d'excuses, vite contrefaits et vite délivrés comme si ce n'était rien, qu'une parenthèse autorisée et que la vie reprendrait son cours ni vu ni connu (des parents).

En poursuivant le récit, nous voyons bien qu'il n'y a pas de pas en arrière.



C'est un récit assez touchant, de part les témoignages du personnage d'Antoine d'une part, il nous fait entrer dans une intimité qu'il n'accorderait probablement pas aux autres, dans la "vraie vie" du récit.

Avec Tony, ils se parlent quand ils ont en envie et sur ce qu'ils ont envie.

Ce qu'il confie pourrait faire l'objet d'un journal intime.

Il nous confie la situation de la famille de Tony et je ne suis pas certain à ce moment de la lecture d'avoir rencontré pareille situation.

Un récit sur les sans-papiers en littérature jeunesse, il y en a eu, c'est certain.

Mais sur les renouvèlement de visa, c'est un détail qui a son importance, les membres peuvent être séparés pour des raisons que les lecteurs découvriront par eux-mêmes.

Une aventure littéraire intéressante.
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