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Critique de hberkane


Murée dans la solitude, une femme observe chaque jour une fenêtre de l'immeuble d'en face. Derrière cette vitre, c'est le néant absolu. Alors, pour tromper son isolement, pour combler le vide, elle écrit en regardant la fenêtre. Elle s'invente des histoires, recrée un monde, effleurant l'espoir qu'un visage vienne se coller là, tout près, juste de l'autre côté de la rue des Martyrs. Un jour, l'événement se produit : un homme emménage dans l'appartement. Émue et intriguée, l'héroïne pressent que son existence pourrait être bouleversée. Avec ses jumelles, elle épie la vie De Luca, elle dont le quotidien étriqué est marqué par la fatalité et l'incomplétude. Au fil de ces séances, où Luca est surveillé, analysé, disséqué dans ses moindres faits et gestes, naissent une relation amoureuse fantasmée, des délires obsessionnels et des lettres passionnées. Luca devient l'amant sublimé par le rêve et le désir.
Le roman me rappelle un poème de Baudelaire : "Les fenêtres" :
Les Fenêtres
Celui qui regarde du dehors à travers une fenêtre ouverte, ne voit jamais autant de choses que celui qui regarde une fenêtre fermée. Il n'est pas d'objet plus profond, plus mystérieux, plus fécond, plus ténébreux, plus éblouissant qu'une fenêtre éclairée d'une chandelle. Ce qu'on peut voir au soleil est toujours moins intéressant que ce qui se passe derrière une vitre. Dans ce trou noir ou lumineux vit la vie, rêve la vie, souffre la vie.
Par delà des vagues de toits, j'aperçois une femme mûre, ridée déjà, pauvre, toujours penchée sur quelque chose, et qui ne sort jamais. Avec son visage, avec son vêtement, avec son geste, avec presque rien, j'ai refait l'histoire de cette femme, ou plutôt sa légende, et quelquefois je me la raconte à moi-même en pleurant.
Si c'eût été un pauvre vieux homme, j'aurais refait la sienne tout aussi aisément.
Et je me couche, fier d'avoir vécu et souffert dans d'autres que moi-même.
Peut-être me direz-vous : « Es-tu sûr que cette légende soit la vraie ? » Qu'importe ce que peut être la réalité placée hors de moi, si elle m'a aidé à vivre, à sentir que je suis et ce que je suis ?

Charles Baudelaire - le Spleen de Paris
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