Source de revenus pour ce que la presse arabophone et étrangère appelle de plus en plus « des régimes » plutôt que des « États», le pétrole est perçu par les populations libyenne, irakienne et syrienne comme l'aliment de logiques mafieuses qui bénéficient aux groupes clientélisés par le pouvoir. Les nationalisations glorieuses des années 1970 sont désormais critiquées pour être devenues le moyen de l'appropriation sans contrôle des revenus par les factions au pouvoir.
La puissance financière et technique des entreprises européennes et le soutien diplomatique qu'apportent leurs gouvernements respectifs à leurs concessions dans l'ensemble de l'Empire ottoman assurent à ces investissements étrangers une durée de vie et des promesses de bénéfices supérieurs. Les décisions politiques et économiques des pays vainqueurs de la Première Guerre mondiale accélèrent le passage en des mains étrangères d'intérêts pétroliers qui, s'ils ne sont plus ottomans, commencent à peine à être identifiés comme des intérêts nationaux arabes.
Le drame de ces experts qui défendent une approche résolument panarabe est que leur action aide chacun des États arabes à prendre le contrôle de ses ressources pétrolières. Ils assistent par conséquent à l’élaboration de politiques nationales parfois concurrentes alors même qu’ils sont encore les principaux acteurs et, pour certains, les héros, d’une communauté arabe pétrolière encore naissante.
Les premières entreprises nationales sont donc de premiers instruments d'indépendance vis-à-vis des entreprises occidentales, suspectes de néocolonialisme, autant que des mesures politiques découlant du nationalisme arabe dont le pétrole devient un fondement.
Pour les gouvernements planificateurs comme pour les oppositions de la gauche arabe nationaliste, le pétrole est devenu une matière politique.