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Critique de Poivre22


Un hymne à la vie et à l'Humanité, voilà ce que j'ai ressenti tout au long de ma lecture de "Minuit sur le monde". Ce livre n'est pas seulement drôle et poétique, il est une sorte de potion contre la peur de l'autre, le repli et la haine. Il est un souffle d'espoir, un vent de combativité. C'est un roman remède à toutes les idées nauséabondes de Zemmour et consorts. A consommer sans limite.
Extrait : "A la Butte-aux-Cailles et ses moulins à vent, les doigts d'Anne ne parviennent plus à taper sur le clavier. Les chiffres vacillent devant ses yeux. Elle est tétanisée.
- ça ne va pas, Anne ?
- Non, ça ne va pas.
- Tu es fiévreuse ?
- C'est ça, fiévreuse. Tu n'imagines pas à quel point. Je n'en peux plus, Julien. Je n'en peux plus d'inscrire colonne après colonne ces tonnes de plomb.
- de plomb ?
- Oui, du plomb ! du plomb partout !
- Il faudrait peut-être que tu te reposes, Anne. Tu veux un thé ?
- Regarde ton ordi, Julien, et dis-moi ce que tu vois.
- Des mensonges. Des mensonges dans des cases. Tu le sais, je te l'ai déjà dit.
- Eh bien moi, je vois du plomb. C'est pareil. Les êtres humains ont disparu.
[...]
Anne se lève, passe devant Julien qui, pris d'un même élan, la suit. Elle remonte le couloir en tapant aux portes. Des têtes apparaissent, puis des bustes, puis des corps tout entier. Anne parle fort. ça ne lui ressemble guère. Tous sont happés par son regard, par sa révolte. Un vrai trou noir.
Là dans ce couloir d'habitude mortifère, la voix d'Anne résonne. Ils trouvent un écho à leur honte, à leur lassitude, à leur colère. Tous voisins de bureau, depuis si longtemps séparés par leurs écrans et leurs préjugés, ils se rencontrent comme pour la première fois.
Ils discutent. Ils se disputent. Ils jactent et piaillent. Ils ne s'entendent plus et pourtant ils s'écoutent. Et, chose étrange, à se confronter les uns aux autres, il leur semble que la noirceur du cynisme qui les ronge s'effrite un peu. Un peu seulement. Mais parfois, cela suffit."
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