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Critique de AnnaDulac


Sur la couverture de cet étonnant recueil de nouvelles de l'écrivain serbe Goran Petrovic figure une horloge dont ne subsistent que les aiguilles, les chiffres du cadran étant tombés pêle-mêle.
Cette confusion des niveaux temporels est une clé de lecture de ces textes intimes parus entre 1996 et 2018 et regroupés en un volume élégant par les éditions Noir sur Blanc.
La mémoire en effet ne classe pas linéairement les événements de notre vie. Elle procède par éclairages, rappels, enchaînements, rapprochements, en toute liberté, en toute fantaisie, suscitant joie ou douleur, souvent dans le même moment.
C'est ainsi que dans la première nouvelle « Jeu de différences », l'auteur ouvre des enveloppes contenant de vieilles photos de lui, de sa naissance à sa vingt-deuxième année. Il se décrit et à la fois se juge avec tendresse ou ironie.
« Moi, en personne, devant le sapin décoré, dans les bras du Père Noël ».
Est-on si différent de ce qu'on était enfant ? Question inepte, car comme le dit Goran Petrovic « si trouver les différences (comme dans un jeu de magazine) et les entourer d'un trait, s'étend à l'ensemble de la vie, vous serez déclaré fou ».
Dans une autre nouvelle, « Cours additionnels de connaissance de la nature et de la société », l'auteur raconte comment il allait avec ses copains contempler une statue de femme nue et prenait tous les risques pour ne pas se faire attraper.
Mais la plus belle nouvelle est sans aucun doute celle qui donne son titre au recueil « Tout ce que je sais du temps ». Goran Petrovic raconte une histoire de montres, les siennes, celles de son père, celles que l'on perd en Grèce, que l'on enlève par peur d'être dévoré par le temps, que l'on donne à réparer, que l'on achète lors d'un voyage à Moscou ou en Allemagne, que l'on compare dans une salle d'attente de médecin.
On trouvera aussi dans ces nouvelles des histoires d'amitié, de trahisons, une extraordinaire exposition.
Tout ce qui est « le sablier de choses humaines », se fait ou « se défait, se démaille, se détricote » est offert au lecteur qui ne peut qu'ouvrir son coeur à cet écrivain serbe bouleversant.


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