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Citations sur Tout ce que je sais du temps (8)

D'ailleurs qu'est-ce qui détermine que telle photo prendra place dans un album, un cadre ou un médaillon, et que telle autre restera à jamais dans une boîte à chaussures , Est-ce le souci de l'idée que l'on se fera un jour de nous qui décide? celui de l'image de nous que nous présenterons aux autres ?
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Comme je lisais alors ! Vers minuit, mes parents m’arrachaient le livre des mains parce qu’il me fallait aller à l’école le lendemain matin. Mais moi, convaincu que personne au monde n’y avait encore pensé, je me suis procuré en cachette de mes parents, au magasin d’électricité Radioton, à défaut d’avoir de quoi m’offrir une lampe de poche, une pile électrique carrée et la plus petite des ampoules. Le soir, je coinçais celle-ci entre les deux électrodes et continuais à lire sous ma couverture en suffoquant par manque d’air. Environ toutes les dix minutes, j’étais obligé de me découvrir pour respirer un bon coup. Bien plus tard, j’ai écrit quelque chose à ce sujet, en comparant notre monde à un endroit où l’on ne fait que reprendre son souffle pour la littérature, et le monde de la littérature à un endroit où l’on attrape le vertige. (« Jeu des différences », 2005)
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La photo pour la carte d'identité. J'y ai un air beaucoup trop sévère. les photographies destinés aux documents officiels supposent le sérieux. Alors que l'Etat, qui petit à petit t'introduit dans ses actes, ses fichiers et registres, manque tout à fait de sérieux. Mais cela, tu le découvres bien plus tard, quand il est trop tard, quand il n'y a plus rien à faire ...
P. 33
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Grâce à ce lapin, je peux aujourd'hui encore me rappeler avec précision une chose qui fait parfois défaut aux hommes - les véritables battements de cœur et un véritable regard humide.
P. 23
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– Allez, activez-vous un peu, pourquoi êtes-vous pétrifiés comme ça ? Et toi, petit, où vas-tu avec ce crayon ? Laisse-le sur le pupitre, le suivant va en avoir besoin ! crie le professeur Ildjo ; la séance de photographie se déroule dans le cabinet de géographie où les nouveaux élèves défilent sous son commandement.
Aujourd’hui encore, on pourrait en dire autant. Dans notre dos, les cartes géographiques changent, s’agrandissent ici, s’étrécissent là ; les rivières bleuissent telles des veines gonflées et, tailladées par de nouvelles frontières, semblent se vider, goutte à goutte ; quelqu’un, de temps à autre, y entoure ceci ou cela d’un trait trop fougueux, avec une ardeur telle que nos cartes en sont devenues râpées, éraflées de part et d’autre, et moi je m’effondrerais de peur si je ne tenais pas un crayon à la main. Je tomberais raide de peur si je n’écrivais pas.
– Hé, toi, où vas-tu avec ce crayon ?
Il me semble encore entendre le professeur Ildjo, qui ne manquait pas de nous tirer méchamment les oreilles à la moindre erreur. (« Jeu des différences », 2005)
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Dans la salle d’attente, cependant, on ne parlait pas trop. La foule bloquée se taisait. Comme si elle économisait l’air. De temps en temps s’y faisait seulement entendre une toux étouffée. Et s’il arrivait à quelqu’un de vouloir ouvrir la bouche, il y renonçait vite. C’est la guerre. Pas exactement ici, il est vrai, mais pas très loin non plus. Et pas vraiment pour tout le monde, aussi ne peut-on vraiment savoir qui est qui. Il faut faire attention à ce qu’on dit. Il y en a de toute sorte. Surtout parmi les leurs. Mais aussi parmi les nôtres. Et il y a encore parmi les leurs les purs et durs et des presque nôtres, et parmi les nôtres il y a ceux qui sont nôtres jusqu’au bout des ongles et ceux qui n’en sont pas si sûrs que ça… Et ce devrait être à peu près tout. (« La Vierge et autres rencontres », 2007)
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La photo pour la carte d’identité. J’y ai un air beaucoup trop sévère. Les photographies destinées aux documents officiels supposent le sérieux. Alors que l’État, qui petit à petit t’introduit dans ses actes, fichiers et registres, manque tout à fait de sérieux. Mais cela, tu le découvres bien plus tard, quand il est trop tard, quand il n’y a plus rien à faire… (« Jeu des différences », 2005)
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Par un après-midi de l’année 1988, j’ai ôté de mon poignet ma montre-bracelet. Plus précisément, par un après-midi nuageux du mois d’avril, aussitôt après avoir terminé la lecture d’un livre de Borgázar que l’on m’avait prêté et qui parlait des chronâtres, créatures parasites qui se nourrissent du temps humain. À présent, tout cela me semble n’être qu’invention, rien d’autre qu’une fable, mais, à l’époque, j’ai longuement scruté mon poignet gauche pour vérifier s’il n’y avait pas, à l’emplacement du bracelet, d’infimes morsures. Et, malgré mon soulagement de n’en avoir pas trouvé trace, je n’ai plus porté de montre à même la peau pendant les douze années suivantes. (« Tout ce que je sais du temps », 2002)
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