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Critique de Bad0Wolf


ATTENTION: Peut contenir des SPOILERS

Le premier coup de mou de Pevel.

Après une réussite parfaite avec Les Lames du Cardinal et l'Alchimiste des Ombres, il n'arrive pas tout à fait à retrouver le même niveau de perfection, surtout dans les derniers chapitres du roman. Je ne sais pas si je suis le seul qui trouve qu'il a subitement accéléré le rythme du récit et que l'effet ressemble plus à un désir de finir rapidement le roman par manque de temps qu'à une tentative de créer du suspens.

Dans le même style, certaines histoires que les deux premiers romans avaient mis en place ont été complètement survolées pour des raisons qui m'échappent complètement. L'intrigue autour de Marciac et Rochefort n'est même pas abordée, par exemple, après avoir tenue une place de première importance dans les deux premiers tomes. Même la réintroduction de la victomesse de Malicorne est râtée; si son retour en grâce auprès des dragons de la Griffe Noire est très bien abordé, elle est rapidement mise de côté en faveur d'un nouvel adversaire: l'Hérésiarque, dont les motivations semblent forcés et qui ne tiennent pas forcément la route. Il me donne l'impression d'être le genre d'adversaire qui aurait du être présent dans l'ombre depuis le premier tome et dont les obsessions auraient déjà été abordés. Donner son rôle à la Malicorne aurait été plus judicieux, les Lames ayant un passé avec elle. Enfin, les histoires de famille de la Fargue ont été complètement laissés de côté dans celui-ci.

Finalement, ce roman m'a présenté pour la première fois aux fins de Pierre Pevel. Dire qu'il est fan de la fin ouverte serait sous-entendre la fin des Lames du Cardinal, qui m'a tellement laissé en haleine qu'il m'a fallu plusieurs jours pour m'y faire.

Néanmoins, il y a énormément de choses à apprécier dans ce roman et j'en conseille tout de même la lecture à tous qui ont aimé les deux premiers. Encore une fois, les personnages mènent la charge avec brio. Même ceux qui avaient reçu un traitement limité dans les deux précédents livres se voient accordés de nouvelles histoires, tels Ballardieu qui continue de montrer sa dévotion sans faille envers Agnès et sur lequel on découvre des choses intéressantes. Agnès et Laincourt continuent à briller, comme il se doit et Leprat continue d'affronter à sa manière la maladie qui le ronge.

L'ouverture et la résolution du cliffhanger permet de hausser les intérêts de cette enquête pour les Lames, qui doivent subir une nouvelle perte similaire à celle qui les avaient séparés pendant le siège de la Rochelle. La Fargue est particulièrement affecté par cette perte et doit continuer ses intrigues, répondant à deux maîtres plutôt qu'un seul.
Parlant de maître, le cardinal de Richelieu est sévèrement compromis en raison des événements qui se sont déroulés au début du roman. L'apparition d'un dragon au dessus de Paris a renouvelé les critiques que le cardinal subit de la part de ses ennemis et nombreux sont ceux qui entendent le voir écarté de son rôle de principal ministre au profit de la mère supérieure des Soeurs de Saint-Georges. Cette dernière, redoutable politicienne et intransigeante gouvernante de son ordre, a ses propres ambitions et use de tous les moyens pour parvenir à ses fins, fins qui comportent un plan pour Agnès.

Et tout ceci alors que la pauvre doit comporter avec la perte et la vision qu'elle a reçue à la fin du tome précédent: la vision de Paris, dévoré par les flammes.

Une intrigue qui n'a pas connu assez de développement à mon goût, mais qui a eu le mérité d'être intégré à l'histoire, est celle du conflit au sein de la Griffe Noire opposant les Arcanes aux autres loges. Que la Griffe Noire prenne le pari risqué d'ouvrir des négociations avec la France pour contrer leur influence aurait pu être une très bonne histoire comme trame de fonds de ce roman, mais il ne fut malheureusement abordé que dans les derniers chapitres. Néanmoins, cela a permis d'introduire le Gentilhomme et la Magicienne, deux personnages très intéressants qui continuent à nous donner un aperçu de la vie des dragons.

Et, encore une fois, Saint-Lucq prend la vedette dans cette histoire avec un rôle assez différent de celui que l'on a vu par le passé. Il devient simultanément le nouveau confident de la Fargue tout en étant le premier à douter des ses intentions. Ses soupçons finiront par le mener à la découverte des véritables loyautés de son capitaine, un événement qui finira par causer une distance entre les deux et une nouvelle rupture au sein des Lames. Néanmoins, malgré ce conflit de loyauté, Saint-Lucq reste le même et continue d'impressionner, même si sa légendaire discrétion lui fait défaut pour la première fois lorsqu'il tente de suivre le dragon Valombre.

A ce propos, une rumeur des plus intéressantes m'est parvenu en lisant le manuel du jeu de rôle des Lames du Cardinal, alors si vous ne voulez pas de spoilers, détournez les yeux maintenant car j'ai l'intention de vous en donner. Dans le jeu, alors que Laincourt a pris la tête des Lames du Cardinal, il se renseigne sur ses anciens compagnons et découvre une rumeur très intéressante sur les origines de Saint-Lucq, qui expliquerait la scène qu'il a eu avec Valombre d'une manière différente ainsi que son lien avec Richelieu: Saint-Lucq serait le fils de Valombre, un enfant sang-mêlé qu'il aurait eu avec nulle autre que Thérèse de Vaussambre, la mère supérieure des Soeurs de Saint-Georges. Cette dernière, alors une Louve chargée de traquer les dragons de la Griffe Noire, aurait demandé à son puissant cousin, le cardinal de Richelieu, de protéger l'enfant. Ce qui expliqué l'inclusion de Saint-Lucq au service du cardinal et le lien particulier qui semble les unir, ce même lien qui voit l'assassin retourner auprès de son maître après avoir rompu avec les Lames.

Enfin, et malgré l'apparence d'une grande hâte qu'il semblait avoir en l'écrivant, Pevel finit son livre sur une note que j'adore: une grande bataille qui voit la vision d'Agnès se réaliser pour parti et qui oppose les Lames unies à nouveau malgré les divisions qui continuent de les accabler, les dracs soudoyés ou payés par le Gentilhomme et la Magicienne, le Dragon Archéen de l'Hérésiarque, et la botte secrète des Soeurs de Saint-Georges. Une explication est enfin apportée au grand danger que l'Alchimiste des Ombres avaient failli libérer sur la France et cette même menace semble même prendre forme dans la fin ouverte du roman, qui nous laisse avec l'impression d'un royaume encore menacé.

Malgré ce coup de mou regrettable après une série qui n'a cessé de toucher les sommets de l'excellence, le Dragon des Arcanes reste un très bon roman qu'il me tarde de relire la prochaine fois que je relirais Les Lames du Cardinal.
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