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Critique de Melpomene125


J'ai découvert Laurence Peyrin grâce à la lettre de Babelio et, comme j'avais envie d'un voyage imaginaire à New York, je me suis lancée dans la lecture de Miss Cyclone.

Angela et June sont deux New-Yorkaises amies depuis l'enfance. Elles ont seize ans lorsque débute le roman le 8 décembre 1980, jour de la mort de John Lennon, assassiné sur le seuil du Dakota Building à Manhattan.

Il s'achève lorsqu'elles ont trente-sept ans, le 11 septembre 2001, jour de la destruction des deux tours du World Trade Center et de la disparition de « 2977 personnes », «pulvérisées sur l'autel de la violence éternelle », comme le chantent Renaud et Axelle Red dans la chanson "Manhattan-Kaboul". La musique appelle la musique et cette chanson est venue s'associer dans ma tête à celle de John Lennon « Imagine », « Imagine all the people living life in peace… », très présente dans ce roman.

J'ai bien aimé la façon dont l'auteure a construit son récit. le lecteur suit les protagonistes sur quatre périodes importantes pour eux et aussi pour la ville de New York : la mort de John Lennon, la tempête de l'Halloween 1991, l'affaire Bill Clinton-Monica Lewinsky et, en particulier, les événements relatifs à ce scandale du 17 août 1998 puis le 11 septembre 2001.

Angela Visconti est une « petite Italienne » et June Verhoeven une « longue Hollandaise ». Angela est la petite amie de Nick Spoleto. Quand ils se marieront, il reprendra l'entreprise de son père : des autos-tamponneuses à la fête foraine de Coney Island. Angela et Nick ont grandi dans la même HLM alors que June habite à Sea Gate, un "enclos résidentiel" où vivent de riches New-Yorkais. Elle voudrait travailler dans la construction.

Le jour de la mort de John Lennon, ils vont rencontrer Adam Sinclair, fils de riches avocats, étudiant venu présenter son cursus aux lycéens. Il ne veut pas reprendre le cabinet de ses parents mais choisir sa propre voie : il sera procureur et non au service de criminels fortunés. Ils se rendent tous les quatre à Central Park pour l'hommage à John Lennon et une photo immortalise cet instant de leur jeunesse. Un joint donné par Margaret, une amie d'Adam, à Nick, fera basculer leur destin…

Avec en toile de fond la question sous-jacente : « que faisiez-vous à cette date cruciale qui a marqué des milliers voire des millions de gens ? », Laurence Peyrin construit un récit émouvant propice à une réflexion sur la fatalité mais aussi le libre-arbitre, la manière dont une femme peut essayer de reprendre en main son destin et s'émanciper, choisir sa vie. L'Histoire récente de New York est évoquée d'une manière intéressante et j'ai appris une foule de détails que j'ignorais ou dont je n'avais que très peu entendu parler.

La fin m'a bouleversée car elle m'a rappelé certains souvenirs. « Que faisiez-vous à cette date cruciale qui a marqué des milliers voire des millions de gens ? » Pour la mort de John Lennon, je n'avais pas un an et les deux autres dates du roman ne m'évoquent rien de particulier, si ce n'est, a posteriori, de l'empathie pour Monica Lewinsky, « femme la plus moquée d'Amérique – première victime des réseaux sociaux qui commençaient leur croissance tentaculaire ».

Pour le 11 septembre 2001, c'est un peu différent. Ce jour m'a profondément marquée et reste associé dans ma tête au choc des images qui ont tourné en boucle pendant plusieurs heures. Les images de ces hommes et de ces femmes qui ont sauté des tours parce qu'ils suffoquaient… Difficile de l'oublier ainsi que l'idée que la paix est une chose fragile et que l'être humain provoque parfois d'horribles tragédies, dont une qu'évoque Laurence Peyrin et qui s'est déroulée le 25 mars 1911 dans le Brown Building. Cent quarante-six ouvrières sont mortes dans un incendie, soixante-six s'écrasèrent au sol. Les deux plus jeunes s'appelaient Kate Leone et Sara Rosaria Maltese. Elles n'avaient que quatorze ans. Beaucoup étaient d'origine italienne comme Angela. Les propriétaires de l'usine avaient verrouillé les portes pour éviter les vols de tissus.
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