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Critique de latelierlitteraire


Je viens du Grand Est. Mais Cholet ça aurait pu être chez moi. Les références, les enseignes, les marques, les lieux, les habitudes de vie, l'attitude et le comportement des gens. Tout aurait pu être transposé à Moulins-lès-Metz. Sauf qu'à la place du Carrefour, j'avais un Cora.
 
Eliott c'est le paumé de service, celui qui ne sait pas quoi faire de sa vie. Blessé lors d'une manif, chômeur à 30 piges, il revient dans sa ville natale, un coin aussi paumé que lui, et qu'il a fui dès qu'il a pu. Il s'installe dans la maison du grand-père désormais en EHPAD et passe ses journées à glander, fumer et glander. Tout en méditant sur sa vie, sur l'avenir, la famille, les Gilets jaunes… Et lorsqu'il rencontre Lulu, la caissière du Carouf, il s'amuse à repenser la société avec elle.
 
Plexiglas c'est du pur roman social. Comme on les aime. Comme on en voudrait plus. Qui estomaque et te fout un poing en pleine poire. Un roman cinglant. Acerbe. Vif, intelligent, et tendre aussi. le genre de roman brillant et parfait, celui qui te reste en tête longtemps après l'avoir terminé. Celui qui te fait tout chaud dans le coeur mais aussi vachement froid dans le dos. Celui qui te fait verser une larme à la fin parce que c'est la fin et que c'était bouleversant. Celui dans lequel les perso sont ultra réalistes, à un point tel que tu t'apprêtes à remettre en question toute ta vie à cause dudit bouquin. Ce texte un peu anar qui te booste à fond, te pousse en avant et te dit « vas-y bouge-toi arrête de subir ta vie, fonce, c'est le moment ou jamais ! ».
 
L'auteur est fort, très fort. Son bouquin il le déroule au rythme des fêtes calendaires, pendant l'année du Covid, en 2020, même si ça fleure bon les années 90. On y suit des personnages attachants et fondamentalement crédibles dans une caricature poussée mais finaude de ceux qui représentent le peuple, le vrai. de ces travailleurs acharnés que rien n'épargne. Surtout pas un gouvernement capitaliste et peu soucieux du bien-être de ces « petites gens », ces miséreux, ces ploucs qui font pourtant tourner le pays et qui ont répondu présents pendant cette pandémie, cette période coronavirus qu'au final tout le monde a bien vite oubliée. Oubliées ses conséquences aussi. le confinement. La furie dans les magasins alimentaires. Aux caisses. Les plaques de Plexiglas. Oublié.e.s les travailleurs, les travailleuses et leurs conditions précaires, instables, anxiogènes. Oublié tout ça. Poupouf. Envolé. Aujourd'hui on te crache volontiers à la gueule dans le métro et on se permet de toucher tes poireaux fraichement achetés les mains pleines de morve.
 
Ces péquenauds ils nous touchent parce qu'ils nous ressemblent. Eux c'est nous. La France et son large panel de divergences d'opinions, de pensées, de valeurs. Ce bouquin c'est un état des lieux de la violence extrême générée par tout un système défaillant. Une violence normée et banalisée dans une société classiste, patriarcale de blancs cisgenres hétéros. Une société consumériste, ultracapitaliste qui pousse les pauvres à toujours plus consommer car après tout qu'est-ce qu'il leur reste d'autre ?
 
Ce bouquin c'est une pépite. Une pépite qui donne voix aux prolos, aux reclus, aux paumés, aux déconnectés, à ceux qui ne croient plus en rien, à ceux qui ont baissé les bras mais aussi à ceux qui luttent corps et âmes contre un système oppressif en espérant faire valoir leurs droits.
 
Je n'oublierai jamais Eliott et ses complices de la galaxie Carrefour.
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