Mamie Luger

Un livre extrêmement drôle, surtout dans sa première partie, lorsque l'inspecteur Ventura interroge Berthe, petite mémère fragile comme une brindille mais qui a une franche répartie, propre à déstabiliser le policier. Assassin en série la vieille dame ? Oui, mais surtout victime des hommes, qu'elle a enterrés à la pelle dans sa cave, dont elle exhume l'histoire et celle de sa vie au fil de sa garde à vue (ce n'est pas un hasard si le flic s'appelle Ventura, que Berthe surnomme Lino pour l'agacer, en référence au film « Garde à vue »).

- J'aimerais qu'on revienne à vos deux gars assassinés, parce que, dans le registre des civilités, ça se pose un peu là.
- J'suis bien d'accord avec toi, Lino.
- André, la reprend Ventura. Et appelez-moi plutôt inspecteur.
- Comme tu préfères, Columbo.

Des années 1920 à nos jours, Berthe égraine les diverses maltraitances et humiliations infligées par les hommes, dont ses cinq maris, leur arrogance de petits mâles, leurs coups, leurs injustices, qu'elle résout de façon radicale. Et là on rit moins devant tant de cruautés ordinaires, on a aussi des élans de tendresse lorsque Ventura comprend les malheurs de Berthe tout en devant figurer le flic inflexible.
Un livre qui joue sur plusieurs registres, qui résume bien la vie des femmes quand elles sont sous la coupe masculine.