AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Patsales


Le crime de Quiet Dell est un fait divers américain des années 30 qui se termina par la pendaison de l'accusé, Don Juan des annonces matrimoniales, tueur de femmes seules qu'il escroquait et torturait. le titre français « Tous les vivants » est une citation extraite de la première page du livre et met l'accent sur la volonté de l'auteur de traiter moins du crime que des victimes ou plus exactement de celles qui n'étaient pas destinées à l'être, à parler de leur vie, de leurs peines et de leurs espoirs, et à faire disparaître l'assassin dans l'insignifiance. de lui, on ignorera presque tout, et il ne sera pas un héros - d'aucune histoire.
Ce choix de Jayne Anne Philips m'a beaucoup touchée. Je me suis souvenue d'articles et de commentaires demandant pourquoi c'étaient les photos des assassins qui s'étalaient dans les journaux et non celles des femmes et des hommes morts pendant les attentats de Paris.
Le serial killer de Quiet Dell est également à l'origine de « La Nuit du chasseur » et sans doute le livre de Philips rend-il aussi hommage à ce sublime film. Comme Charles Laughton, la romancière imagine un conte noir où la poésie enserre le mal pour lui faire rendre gorge. La lumineuse Lilian Gish sauvait les enfants de la mort et de la solitude. Les victimes de Quiet Dell ne peuvent connaître le même heureux destin ni être ressuscitées, du moins sont-elles vengées par la rage du bien que déploie Philips. Si elle s'appuie sur une enquête rigoureuse dont fait foi la série de photographies d'époque qu'elle dévoile aux lecteurs, elle n'hésite pas à proposer une histoire parallèle, enhardie par les clins d'oeil envoyés par la réalité. Un shérif nommé Grimm, une petite fille qui écrit des pièces de Noël, un assassin qui se prénomme Harm, « nuire », un chien qui répond au nom de « Duty », un avocat qui est maître Law, en voilà assez pour que Philips se sente le droit de répondre par la fiction aux indices semés par l'histoire vraie. Il y aura donc dans son presque roman une femme seule qui trouvera l'amour et non la mort dans les bras d'un homme marié, un homosexuel capable de mener sa vie sans honte ni opprobre, un enfant battu qui trouvera une famille, au lieu d'un parâtre pervers, et des fantômes évanescents qui connaîtront dans l'autre monde le bonheur qu'on leur a dénié dans celui-ci.
C'est donc l'amour qui gagne et non le crime à Quiet Dell. Cela pourrait être niais. Mais c'est profondément émouvant
Commenter  J’apprécie          356



Ont apprécié cette critique (34)voir plus




{* *}