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Critique de Biblioroz


Avec ce nouveau roman, Jodi Picoult nous plonge dans un véritable bouillon de sentiments et d'émotions contradictoires. De ce bouillon émanent des effluves de professionnalisme, d'efforts d'intégration, de persévérance, de compassion et de tendresse. Mais de ce chaudron bouillonnant ressortent aussi des relents de haine, de colère, de violence, d'aveuglement et d'injustice.

Écoutons la voix de Ruth, africaine-américaine. Elle se souvient de cet instant où sa mère a aidé à mettre au monde le bébé de sa patronne. Cet instant, si fugitif, pendant lequel elle a perçu l'abolition des différences sociales et raciales. Ruth était alors âgée de cinq ans et c'est ce miracle, en suspens, qui l'a conduite à devenir infirmière sage-femme. Pour se donner toutes ses chances, elle choisit d'étudier, de vivre et d'exercer ensuite son métier parmi les blancs. Attachée uniquement au bien-être de ses patientes, elle ne peut envisager les limites de l'intégration qui sont pourtant encore bien réelles aux États-Unis. Ses relations avec sa soeur, plus aigrie ou alors simplement plus réaliste face aux difficultés raciales, sont très conflictuelles tout en étant très fraternelles : une ambigüité que j'ai trouvée très intéressante et très bien exploitée par l'auteure.

Écoutons la voix de Turk, un suprémaciste blanc convaincu. Avec sa femme qui vient d'accoucher dans l'hôpital où exerce Ruth, tous deux refusent que cette infirmière noire touche leur bébé. Il nous relate ce parcours qui l'a fait basculer vers ces groupes extrémistes et leurs idéologies racistes. Lorsque son bébé décède, ce n'est que par la violence et la haine qu'il peut extérioriser sa douleur en accusant Ruth du meurtre de son petit Davis.

Écoutons la voix de Kennedy, jeune avocate de la défense publique. Elle n'a encore jamais plaidé une affaire de meurtre mais va entamer ce procès comme il est de bon ton de le faire dans les tribunaux américains, sans soulever le problème racial alors qu'il semble bien que c'est uniquement lui qui est au coeur de cette tragédie.

Ces trois voix nous chuchotent, nous disent ou nous crient leur propre ressenti. Elles nous submergent, nous révoltent, nous bousculent dans nos propres convictions.

C'est rythmé et profond même si quelques passages dans le procès sont parfois redondants.
Jodi Picoult révèle la part cachée du racisme, les innombrables préjugés raciaux qui hantent encore l'Amérique, mais aussi tous ces petits riens qui font avancer vers une prise de conscience de la justice ou plutôt de l'injustice sociale liée à la couleur de peau.
Pour coller à la réalité, l'auteure s'est appuyée sur une solide documentation qui donne beaucoup de crédibilité à tous les thèmes abordés.

J'ai eu un coup de coeur pour le passage dans lequel Ruth compare la problématique raciale, niée par tous, à l'énormité d'un éléphant qui se promènerait dans le tribunal !

Je remercie Actes Sud et Masse Critique pour l'offre de ces belles heures de lecture.
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