Je me sens un peu gênée de ces symboliques 2 étoiles et demie attribuées à ce roman. Devant tous les éloges qui lui sont décernées par les autres lecteurs fort enthousiastes, ma critique va détonner, comme une gros point noir sur un arc-en-ciel... je m'en vois désolée, mais... je n'ai pas aimé !!!
Et pourtant, le sujet m'attirait, c'est une période, la ségrégation aux Etats-Unis, qui m'attire particulièrement en ce moment ; la couverture, avec ce joli contraste marquant entre ce rouge profond et ce ciel gris-blanc, avec cette silhouette esseulée ; le titre aussi, original, parlant.
Mais non, vraiment, dès les dix premières pages, j'ai été terriblement déçue, et cette impression n'a fait que se confirmer au fil des pages qui défilaient sous mes yeux.
Pourquoi ce rejet ???
- Tout d'abord, l'histoire. Je me suis sentie dans un monde de "Teddykisses" (Bisounours ;)), alors que la période et les faits qui s'y déroulaient auraient dû être poignants, émouvants, heurtants. J'ai crû me retrouver en plein épisode de "Princesse Sarh", avec des méchants bien punis, et des gentils qui ont souffert, mais sont récompensés à la fin. Ah, si seulement la vie était si juste!!!!
- les personnages. A mon humble avis, ils n'étaient pas crédibles. Les clichés, en "noir et blanc" si je puis dire ;) se sont accumulés... Les Américains (pas les héros, mais tous les autres), méchants, intolérants avec les gens de couleur, alors que les Français, eux, ah oui, ils étaient super accueillants, ouverts, ils étaient super contents d'avoir un jeune homme de couleur qui courtisait leur fille !!! Dois-je rappeler les situations de discrimination encore d'actualité en France en 2020, peut-on vraiment croire qu'en 1917, dans la province française (Brest), les gens étaient tellement enclins à la tolérance et la bienveillance envers les gens de couleur ?
Quant aux héros, tous des gens hors du commun, avec des talents, des personnalités, entre la jeune fille noire qui décide d'être en couple et d'avoir des enfants avec un riche Blanc, et qui y parvient, la grand-mère, ancienne esclave, qui parvient à devenir cheffe dans un cabaret, dont la cuisine est reconnue et encensée par les Blancs ?? (dans l'Amérique sudiste des années 1910, où les hommes de couleur se faisaient lynchés - au sens littéral- pour la moindre véléité d'égalité...), la petite fille, qui, évidemment, est très douée pour le chant,... Et tous, avec un sens de la psychologie, très tolérants, compréhensifs, sachant éteindre tout conflit familial... Ca fait rêver !! J'ai trouvé pas mal d'anachronisme dans les mentalités des héros et des gens qui les entourent, l'auteure leur prête des intentions, des perceptions de la vie, des autres, qui m'ont semblé très en décalage avec les véritables us et coutumes de l'époque (en France comme aux Etas-Unis)
- enfin, le style. Beaucoup trop travaillé, trop "parfait". Pas une erreur, que des jolies formules. Pas d'émotion du coup, de mon côté. Pas d'originalité, trop lisse et aseptisé. Littéraire, oui, pas de doute, mais pas d'âme. Je ne peux m'empêcher d'avoir la vision d'une dame qui écrit dans un petit salon, avec de jolis rideaux en dentelle, des napperons sous les vases et bibelots en porecelaine, des meubles bien astiqués, des patins sous les chaussons, une dame qui écrit gentiment, calmement, avec application. C'est très joli, mais je dois avouer que pour moi, l'écriture est plus associée à l'émotion qui fait battre le coeur, qui déclenche des réactions dans le corps et dans l'esprit du lecteur comme de l'auteur. Cela vient des tripes, soutenues par l'esprit, et non de l'esprit, en solo.
Bref, je suis navrée, mais pour moi, ce roman, gentillet, n'est pas représentatif de l'époque. "Black Boy", définitivement, a ma faveur. Heurtant, éprouvant, mais une vérité, une émotion, et un style.
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