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Critique de 5Arabella


Ecrite en 1957 et créée en 1958 à Cambridge, tout au début de la carrière de dramaturge de Pinter, cette pièce n'a pas été dans un premier temps un succès. Ce sera l'adaptions télévisée, qui en plus de séduire un large public, permettra une reconnaissance critique du texte.

Nous sommes dans une modeste pension de famille, chez la famille Boles. C'est le petit déjeuner, que Meg Boles sert à son mari, Peter, avant d'aller réveiller l'unique pensionnaire, Stanley Webber. Ce dernier arrive, plutôt de mauvaise humeur, un échange s'engage après le départ du mari. La femme minaude, l'homme s'agace. Elle lui fait part de la rencontre faite par son mari de deux hommes sur la plage, qui souhaiteraient venir dans la pension de famille, ce qui semble éveiller une sorte d'inquiétude chez Stanley. Les deux hommes, Goldberg et McCann arrivent en effet, et déclarent vouloir louer une chambre que leur montre Meg. Ils semblent chercher quelqu'un. Ils s'informent sur Stanley, Meg pense que c'est son anniversaire, et ils lancent l'idée d'organiser une fête le soir.

Stanley rencontre McCann qui l'empêche de sortir, sous prétexte de la fête prévue. S'engage une sorte d'interrogatoire, assez vague mais menaçant. L'arrivée de Meg, puis de Lulu, une jeune femme, l'interrompt, pour déboucher sur une sorte de fête, pendant laquelle Goldberg et McCann ridiculisent et maltraitent un peu Stanley, qui tente de s'échapper. Mais ses deux tortionnaires finissent pas remettre la main dessus.

Le lendemain, Stanley reste dans sa chambre, semble-t-il mal en point. Les deux hommes déclarent vouloir l'amener pour le soigner. Peter s'inquiète pour lui, mais ne peut empêcher les deux hommes d'amener un Stanley qui semble avoir perdu la parole, voire la raison, dans leur voiture.

La pièce repose sur le dualité entre un quotidien très banal, presque jusqu'à la caricature, avec l'irruption d'une menace, innommée et imprécise, mais très impressionnante, même si la violence est plus suggérée que montrée. Nous ne saurons pas qui sont Goldberg et McCann, ni ce qui advient de Stanley, même si on peut supposer le pire. Il y a une sorte de terreur qui s'installe au milieu d'un intérieur quelconque, qui en devient métaphorique, le couple sur la scène pourrait être n'importe quel couple, nous savons d'ailleurs presque rien sur eux, les dialogues qui constituent l'essentiel de la pièce semblent relever presque uniquement de la fonction phatique du langage (mise en place et maintient de la communication), tellement ils sont dépourvus de contenu. C'est comme une sorte de bruit de fond, qui empêche la pensée, et rend impossible de poser les problématiques, et rend donc possible les pires horreurs, qui ne peuvent être dites. Il y a aussi, malgré tout, la présence d'une forme d'humour, un peu un humour de l'absurde (les échanges du couple autour des corn-flakes et thé par exemple) qui peut alléger l'ensemble.

C'est incontestablement très efficace, une ambiance s'installe, une menace plane, même si l'aspect désincarné de l'ensemble me pose un peu question, sur les possibles lectures différentes de l'oeuvre.
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