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Critique de Philochard


De but en blanc, une constatation : les romans de JF Pissard que j'ai eu le plaisir de lire ont au moins trois points communs (obsessions ?) : l'enracinement dans une région que je connais bien (toponymie d'un lieu par-ci, élément de syntaxe sûrement inconscient par-là), un regard sociologique souvent drolatique porté sur le quotidien, et un désir de cerner les rouages et ressorts de la psychologie féminine.
L'Éducation conjugale est écrit un peu comme le journal de bord égo-centré d'un homme qui veut comprendre les femmes... et surtout la sienne. Les scènes, dans une transcription cinématographique, iraient du romantisme d'un Lelouch au burlesque d'un Pierre Richard ; d'un zoom sur deux mains tendrement prises à un plan large sur un bon coup de pied au c**. Mon passage préféré reste celui des retrouvailles avec la mère, en Suisse, teinté d'un humour un peu british, cadencé par un phrasé subtil qui rend l'atmosphère vraiment touchante.
Ensuite, le personnage principal retourne valdinguer dans ses expériences. C'est que c'est un drôle d'énergumène, ce Woody ! Pas toujours fin il faut l'avouer, mais il met du coeur dans ce qu'il fait ; un grand gamin, un ado attardé un peu couard - de nos jours on dit« adulescent » -, pas fondamentalement inadapté socialement, mais sacrément tête-à-claque. Ses copains un peu lourds, ses expériences professionnelles hétéroclites et décousues, toute sa routine à la limite du borderline.
Mais un immature conscient du fossé qui le sépare de sa compagne. Et, il l'aime, oh que oui ! Mais bon sang, on se dit qu'il a de la chance de l'avoir, sa Dana, car plus d'un lecteur mâle aimerait être à sa place, c'est-à-dire à côté de cet archétype de femme belle et intelligente. Mais que fiche-t-elle avec un gonze pareil ?
Alors Woody avance, il teste, se goure, fait des bourdes (et pas que des petites). le zigue nous est tantôt attachant, tantôt agaçant. le genre à tenter l'improbable… pour arriver à des résultats catastrophiques parfois prévisibles. Il veut savoir, le Woody, s'imprégner de l'esprit féminin, alors il écoute attentivement Mireille Dumas à la télé, pioche dans les magazines pour nanas adolescentes puis dans les livres de Simone de Beauvoir, preuve « d'avancées psychologiques » assez irréfutables ; et le voilà qui tente aussi l'épilation intégrale, le port de jupe avec croisement et serrement de jambe (à essayer, avec une balle de ping-pong), etc. de savoureuses analyses étayent ce difficile apprentissage comme celle sur l'absence de pédagogie sexuelle chez les garçons : « Nous ne sommes que des autodidactes ». Bien vu. Woody gagne en lucidité, il sait qu'il ne sait rien, donc il en sait un peu plus que la moyenne des hommes qui eux croient savoir. Oui, on sent qu'il progresse, Woody, à force de prendre des claques réelles et figurées, et nous aussi (nous, lecteurs masculins néanderthaliens).
Un roman distrayant et turbulent, par un écrivain qui aime les femmes. Les aime vraiment, avec sensualité et respect.
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