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Critique de Marie-Nel


On a tous été fort touchés par les affaires de maltraitance dans les EHPAD, j'ai lu des témoignages de familles, et je trouve aussi intéressant de lire ceux des soignants qui galèrent bien souvent.

 

Ici, le protagoniste, Elliott, n'est pas soignant de formation. Il va travailler dans ce qui s'appelle encore une maison de retraite, pendant ses vacances. Il a tout juste 18 ans. Lui il est plutôt dans des études de comptabilité. Rien à voir avec le milieu soignant. Elliott va ainsi y travailler pendant 5 années, en même temps que passer son bac et commencer ses études. Il y travaillera pendant ses vacances au début puis pendant les weekends. Il touchera un peu à tout. Il commencera comme Mr Canicule, c'est-à-dire dire distribuer de l'eau aux résidents, et leur rappeler de boire. Il continuera en travaillant à la lingerie, puis comme homme de ménage, plongeur, commis de cuisine et même restaurateur. Il va se forger une grande expérience. Elliott est un jeune garçon très gentil et empathique, il ne sait pas dire non, ce peut être une qualité comme un défaut. Car le pauvre se fera souvent marcher sur les pieds. Difficile quand on est tout jeune de s'affirmer face à des personnes employées depuis plusieurs années. Alors il accepte tout, sans rien dire, fait son boulot le mieux possible. Il est bien sûr confronté au manque de personnel, créant de gros soucis de fonctionnement dans le service, avec des répercussions sur les pensionnaires. Il va se lier avec certaines personnes âgées, aura un peu plus de problèmes avec d'autres, mais son empathie fera qu'il arrivera toujours à communiquer le mieux possible avec tous.

 

Je me suis très vite attachée à Elliott, et aux différentes personnes qu'il va rencontrer. Je me suis beaucoup retrouvée en lui. Je n'ai pas travaillé en maison de retraite, j'étais auxiliaire de vie chez des particuliers, ce n'est pas la même ambiance que dans un établissement, c'est un travail différent. Mais cela ne m'a pas empêchée de comprendre ce que vivait Elliott, l'attachement qu'il pouvait avoir pour certains, la tristesse de les voir souffrir et mourir. J'ai connu des dames âgées qui sont devenues de vraies grand-mère pour moi, et lorsqu'elles sont parties, j'ai ressenti autant de tristesse que pour une personne de ma famille. Elliott est confronté à une directrice qui mène son établissement comme une entreprise, elle pense beaucoup plus aux profits qu'à la qualité de vie des résidents. Exactement ce que l'on a entendu parler dans les différentes affaires récentes. Ce récit parle d'amour, de vie, d'expérience de travail enrichissante, d'espoir, de courage…c'est un maelstrom d'émotions.

 

Elliott n'est autre que l'auteur lui-même. Franzo Pizarro témoigne ici et nous partage un bout de son parcours professionnel. Cela donne une autre dimension au récit. On sait que les personnes ont réellement existé et les faits également. Et c'est encore plus touchant, évidemment. On s'attache encore plus aux personnages. C'est souvent l'effet d'un récit-témoignage. En plus, bien évidemment, la narration est à la première personne du singulier, ce qui fait que je me suis encore plus identifiée à Elliott, j'ai l'impression d'avoir été lui tout le long du livre, de ressentir ses émotions. C'est très troublant de rentrer ainsi dans la peau d'un personnage.

 

Tout ceci est très bien raconté et écrit par Franzo Pizarro. le style est très bon, d'une belle fluidité, l'auteur se livre et donne au lecteur l'impression d'y être. Il a découpé son récit en cinq gros chapitres, correspondant à ses différents postes au sein de la résidence des Jasmins. J'ai beaucoup aimé cette construction. le ton est parfois cynique face à l'administration, mais toujours beaucoup d'empathie pour tous, employés comme résidents. L'auteur a aussi mis quelques touches d'humour, il y a des anecdotes parfois cocasses, cela allège beaucoup le récit, amène des bulles de légèreté dans un moment un peu plus difficile. Cette expérience de travail a construit l'homme qu'est devenu Franzo Pizarro, je pense que cela a dû lui être très utile dans sa vie d'homme. Il en garde sûrement des souvenirs touchants.

 

J'ai beaucoup aimé ce livre. Il est assez court, un peu moins de 150 pages sur ma liseuse. Il se lit bien et très facilement. L'auteur sait capter l'attention dès les premières lignes, et ne la relâche jamais. J'ai suivi avec plaisir et beaucoup d'intérêt Elliott et l'ai quitté avec un peu de regret. Il n'y avait pourtant rien à ajouter de plus, mais je l'ai laissé comme on se sépare d'un compagnon de route. Je découvre aussi Franzo Pizarro et je suis très contente, je vais le suivre, j'espère qu'il sortira un nouveau roman. Je le lirai avec plaisir. Je vous mets à la fin de cette chronique les derniers mots du livre qui m'ont énormément touchée.

 

Je ne peux, bien évidemment, que vous conseiller la lecture de ce récit. C'est un livre qui devrait être lu par beaucoup. Je ne peux que féliciter l'auteur d'avoir eu le courage de raconter tout cela, car il en faut une bonne dose pour dire tout cela, toujours avec une extrême bienveillance et sensibilité. Et bien sûr, j'ai également une pensée pour tout le personnel soignant, qui fait son possible chaque jour pour que nos aînés finissent leur vie le plus sereinement possible. N'oublions pas qu'un jour, nous serons à leur place…et j'aimerais beaucoup rencontrer un Elliott à ce moment là.

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