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Critique de nadejda


«Pain et Raisin» est le surnom donné à un contrebandier de LLança qui surgit du coin d'une grange et surprend le narrateur au retour de la promenade quotidienne solitaire qui le mène de Cadaqués à l'olivaie de Jonquet bordée par une calanque où il rêve de construire une maison. 
Habitué à observer chaque jour dans ses moindres recoins cette côte rocheuse découpée dont il parcourt les sentiers, il loge à l'auberge de la Marina où il aime aussi observer les habitués du bar, avec un regard aussi aiguisé que lorsqu'il note les changements dans le paysage familier qu'il arpente. 
Pain et Raisin va lui demander de surveiller Verdera le Gras et un certain Tanau et de lui rendre compte de leurs mouvements. 
Il va satisfaire sa demande mais sans en mesurer vraiment les conséquences...
L'intrigue rend l'atmosphère du livre un peu tendue, mystérieuse comme l'est la découverte du moindre changement à l'intérieur des calanques, «l‘étonnement en présence d'une embarcation inconnue ancrée au Jonquet alors que le mois de novembre est déjà bien avancé» par exemple....
Mais c'est toute la beauté contrastée, sauvage et rude de ce coin de terre soumis au caprice des vents, avec ses criques, ses sentes qui dominent la mer qui pour moi l'emporte. L'auteur nous en parle en amoureux attentif et passionné. La redécouvrant chaque jour avec le même émerveillement, il nous en offre toutes les nuances.
«Dans le gris de la lumière, le vert argenté des oliviers libérait une suavité délicieuse et pure. La crique dormait dans une solitude extasiée : comme si elle était précisément plongée dans le plus profond des sommeils, comme si la notion du temps s'était égarée dans ses parages. L'immobilité de la mer était totale : on aurait dit qu'elle retenait son souffle. Quelquefois, l'eau remontait légèrement sur le sable mouillé et boueux, tel un soupir -- comme si la mer n'arrivait plus à contenir davantage la pression, et qu'elle relâchait sa respiration. Elle était d'une couleur laiteuse, délavée, et associée aux tons les plus sombres du gris, tout était caresses au regard. Entre algues mauves et vert âpre des joncs, les eaux mortes du petit fjord semblaient plus opalines, plus perlées que la mer. La côte suintait l'humidité du temps.» p 46
Tout le livre est jalonné de descriptions de cette beauté. Et si d'aventure vous allez faire un tour entre la cap de Creus et Rosas, de préférence hors période touristique, emmenez-le avec vous. Même si bien des choses ont changé depuis les années 50, vous pourrez constater que si les contrebandiers ont disparu (quoique...) la beauté amoureuse transmise par Josep Pla est toujours présente.
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